Pour le 60e anniversaire du Festival de Cannes, l'Algérie sera présente. Outre un hommage à Lakhdar-Hamina, le réalisateur algérien Mahdi Charef présentera son dernier film L ors de la soirée algérienne à Cannes, on prévoit la projection de Cartouches Gauloises, de Mehdi Charef. Ce film franco-algérien est une parabole sur la Guerre d'Algérie à travers le regard d'Ali, un gamin de 10 ans, vendeur de journaux. Et à travers son amitié avec Nico, un Européen, nouée envers et contre tout, mais qui sera interrompue à la fin du printemps 1962. Un thème qui l'a marqué, puisqu'en 2005, pour sa première pièce de théâtre 1962, Le dernier voyage, il s'était également penché sur la fin de la Guerre d'Algérie. C'est dans un entretien datant de mars 2002, donné au site internet Fluctuat.net qu'on trouve l'explication : « Je suis né en 1954, juste avant le début des combats. Et j'ai quitté ce pays pour la France en 1962. Je n'ai donc pas eu de chance, car je n'y ai vécu que la guerre. Pour moi, ce pays, c'est la peur (…) Je suis un enfant qui a grandi dans la guerre. » Cartouches Gauloises est produit par Constantin Costa-Gavras et Michèle Rey-Gavras. Ces derniers avaient acquis les droits du Thé au harem d'Archi-Ahmed, à la sortie du roman (Paris : Mercure de France, 1983) et avaient particulièrement encouragé Mehdi Charef à en faire un film. Un film couronné en France du prix Jean-Vigo en 1985 et du César du meilleur réalisateur pour une première œuvre en 1986. Vingt ans plus tard, les voilà de nouveau engagés dans Cartouches Gauloises qui a été tourné à Maghnia, la ville natale du cinéaste. Ce dernier, en France à l'âge de dix ans, a vécu dans des cités de transit et les bidonvilles de la région parisienne. Issu d'une famille d'ouvriers, il suivit une formation de mécanicien et travailla à l'usine comme affûteur de 1970 à 1983. Depuis, les choses ont changé. Mehdi Charef est de venu écrivain : La Maison d'Alexina (Paris : Mercure de France, 1999), Le Harki de Mériem (Paris : Mercure de France, 1989) et A bras le cœur (Paris : Mercure de France, 2006). Il en est à son neuvième film en tant que réalisateur et scénariste. On citera entre autres, Marie-Line (1999) et La fille de Keltoum (Bent Keltoum, 2001). Dans l'entretien cité plus haut, Mehdi Charef s'explique sur sa manière de voir ses récits : « Il y a des sujets que je sens plus dans un livre, que le public doit recevoir assis dans un fauteuil, seul, dans le silence. Pour d'autres, au contraire, il faut qu'ils soient ensemble dans une grande salle. On m'a demandé d'adapter le harki, mais j'ai refusé. Je préfère qu'il reste comme il est. » Son dernier travail est une participation à un programme de 7 courts métrages, intitulé Les enfants invisibles, aux côtés de Spike Lee, Ridley Scott, John Woo, Jordan Scott, Emir Kusturica, Katia Lund, Stefano Veneruso. L'idée : mettre la caméra face à des enfants issus des quatre coins du monde pour raconter leurs vies contrariées, leurs enfances mal-aimées… L'objectif : témoignages et prises de conscience de la part des adultes.