Boule de neige n Il est dans l'ordre des choses que l'inaccessibilité de l'immobilier dans les quartiers huppés pousse les gens à lorgner du côté des quartiers de «seconde zone» qui voient ainsi leur cote augmenter… Au hasard d'un reportage effectué il y a quelques mois dans un quartier déshérité de la capitale, nous sommes tombés sur un cas qui en dit long sur le degré atteint par la spéculation sur l'immobilier. Un propriétaire, pour le moins peu scrupuleux, n'a pas hésité à louer une sorte de taudis de 2 m2 fait de planches et de tôles pour la somme, certes insignifiante, de 500 DA par mois. Le locataire s'est avéré être une femme dont l'époux a pris la clé des champs lui laissant trois enfants à charge dont un handicapé physique. Comme quoi, tout ce qui est proposé à la location trouve rapidement preneur, nonobstant sa superficie, son emplacement et même son prix. «Il y a une très forte demande sur la location. Une demande qui dépasse très largement l'offre», reconnaît le président par intérim de la Fédération nationale des agences immobilières (FNAI). Abdelhakim Aouidat, étant lui-même agent immobilier, sait de quoi il parle. «Jusqu'où ira l'immobilier à Alger ?», s'interrogent légitimement professionnels et simples citoyens devant les records qui sont pulvérisés quotidiennement. En parlant de records, le dernier en date, nous dit un agent immobilier très au fait de tout ce qui se passe dans le secteur, a été battu récemment par une luxueuse résidence louée à une ambassade sur les hauteurs de la capitale pour la modique somme de 3 millions de dinars par mois. Dans le même secteur, ajoute notre interlocuteur, les appartements ne sont pas moins cotés : jusqu'à 250 000 DA… Pour ceux qui n'ont pas la notion des chiffres, disons simplement que ce montant représente quelque chose comme 20 fois le Smig. Influant directement sur le comportement des demandeurs, cette flambée a, en quelque sorte, un double effet boule de neige. D'abord, explique M. Aouidat, sur l'évolution des prix à travers différentes zones. Il est, en effet, dans l'ordre des choses que l'inaccessibilité de l'immobilier dans les quartiers huppés, pousse les gens à lorgner du côté des quartiers de «seconde zone» qui voient ainsi leur cote augmenter, forçant encore les clients à voir plus bas… Ce qui fait qu'aujourd'hui, le propriétaire d'un logement dans la périphérie (Sidi Moussa, Bentalha, Saoula, Kheraïssia…) peut se permettre de faire la fine bouche alors qu'il y a seulement quelques années trouver preneur dans ces quartiers relevait du miracle. L'autre effet de la hausse est, bien sûr, le type de logement demandé : les villas sont chères, on se rabat sur les appartements spacieux qui, à leur tour, prennent des ailes, pour finir par chercher à s'abriter dans l'exiguïté d'un studio. Confirmant le raisonnement du président de la FNAI, un autre agent immobilier est formel : la plus forte demande est enregistrée sur les studios suivis des F2 et des F3. Ce qui explique que le prix de location de ce type d'appartement, qui, ailleurs, sert de garçonnière, ait dépassé largement le Smig.