Emboîtant le pas à leurs professeurs qui réclament un meilleur statut social, les élèves de terminale ont, aujourd'hui, dans une manifestation, réclamé l'allégement des programmes. Ceux-ci sont jugés trop volumineux, compromettant leur chance de succès au baccalauréat. Les élèves de terminale de plusieurs lycées du centre-ville de la capitale sont sortis, ce matin, dans la rue pour protester contre la charge des cours qui leur est imposée par les nouveaux programmes. Les rues Didouche-Mourad et Hassiba-Ben-Bouali ont connu une ambiance particulière avec des lycéens qui pressaient le pas en allant du côté de la place du 1er-Mai. Parallèlement, la police était en alerte : «Ils se dirigent vers la Maison de la presse !», criera sur son talkie-walkie un agent qui a pris position à l'entrée de l'hôpital Mustapha-Pacha. Des centaines d'élèves des établissements du Sacré-Cœur, de Omar-Racim et de Ibn-Naas notamment se sont en effet rassemblés, dès 9 h du matin, devant la Maison de la presse Tahar-Djaout, place du 1er-Mai. Les protestataires, très nombreux, tentaient d'approcher les rédactions des journaux, mais ils étaient empêchés par les policiers, en civil et en uniforme. Seule une délégation de trois lycéens a reçu l'accord de pénétrer dans la Maison de la presse pour exposer ses doléances. Pourquoi s'adresser aux journaux ? «Nous ne savons pas à qui parler. Toutes les portes sont fermées devant nous. La direction du lycée ne fait que nous calmer. Nous n'avançons pas dans les différents programmes alors que les examens de fin d'année approchent», lance un groupe de lycéens de Omar-Racim. Les mécontents se recrutent parmi les candidats au bac en sciences naturelles, en lettres et langues étrangères. «Nous demandons l'allégement des programmes, de tous les programmes», déclarent-ils. «Nous avons le soutien de nos profs», ajoutent-ils en guise d'assurance. Le rassemblement observé à la place du 1er-Mai a donné lieu à des bousculades. Les lycéens, à forte majorité féminine, allaient dans tous les sens. Plusieurs d'entre eux ont été malmenés par la police. Vers 10h, ils se sont rassemblés devant l'entrée de l'établissement Ibn Naas de la place du 1er-Mai, ne sachant pas ce qu'il fallait faire. Auparavant, les lycéens du centre-ville ont été chassés de la rue Didouche. «Où l'on va, on nous chasse», affirme-t-on. En vertu de la loi sur l'état d'urgence, toujours en vigueur, les manifestations publiques sont soumises à autorisation préalable de l'administration. Depuis le 14 juin 2001 (la marche des ârchs), elles sont interdites dans la capitale. Cette sortie des lycéens coïncide avec le cycle de protestations engagé par les représentants des enseignants (CLA, Cnapest) qui contestent la nouvelle grille des salaires et le projet de loi sur l'orientation scolaire encore à l'étude. l Selon les concernés, aucun contact n'a été noué pour le moment avec les directions de l'éducation d'Alger, ni avec le ministère de tutelle pour en débattre. Aucune réponse n'a été fournie quant à la question de savoir pourquoi il a fallu attendre le début du deuxième trimestre pour soulever une telle préoccupation qui ne concerne pas seulement les lycées d'Alger-Centre, mais aussi tous les établissements sur le territoire national. Il reste à avoir pourquoi ce ne sont pas les syndicats du secteur qui portent cette revendication.