En attendant une réponse de la part du ministère de l'Education, les lycéens refusent de reprendre leurs cours. La nouvelle année s'annonce plutôt mal. Il y a malaise et mécontentement à tous les niveaux. Tout a commencé avec la saga de la grève débutée par le Cnapest, suivie aujourd'hui par celle de la Fonction publique ; même les élèves des classes de terminale se sont joints à la grogne sociale. Certes, ils ne revendiquent pas un statut particulier, encore moins un salaire, mais un allégement du programme scolaire. “Nous sommes un pur produit du système de l'école fondamentale et nous refusons d'être des cobayes. Finies les expériences !” s'expriment-ils. Les élèves de terminale ne décolèrent pas, bien au contraire, ils ont décidé de durcir le mouvement et de ne pas lâcher prise jusqu'à ce que le programme de la réforme scolaire soit revu. “Chaque jour, nous serons plus nombreux, nous avons commencé avec quatre lycées et aujourd'hui plusieurs établissements se sont joints à notre mouvement. Nous ferons n'importe quoi pour se faire entendre”, déclare le délégué du lycée du Sacré-Cœur qui a requis l'anonymat. Hier encore, pour le troisième jour de leur mobilisation, les lycéens de 3e année secondaire de la capitale ont quitté les bancs de l'école pour sortir dans la rue et marquer leur désaccord quant à la surcharge des programmes dans toutes les matières. Leur message est clair : ils refusent que leurs cours soient bâclés et demandent en parallèle la suppression de certaines leçons qui ne sont pas importantes au programme. Il était environ 8h lorsqu'une marée d'élèves de terminale s'est rassemblée devant le lycée Omar-Racim afin de s'organiser et tenter d'improviser une marche jusqu'à la maison de la presse Tahar-Djaout pour s'exprimer. Résultat : plusieurs élèves ont été interpellés, d'autres se sont fait saisir leur téléphone portable pour avoir filmé la bousculade. “Nous ne sommes pas des voyous, nous voulons simplement assurer notre avenir. On ne comprend pas pourquoi la police nous réprime pour des revendications légitimes. Nous sommes prêts à nous faire tabasser chaque jour pour se faire entendre”, s'indigne Sarah, élève de terminale sciences de la vie, et d'ajouter : “Lorsqu'on a quitté les bancs de l'école, on s'est juré de faire aboutir nos revendications. Plus de marche arrière.” Afin de disperser la foule, les services de sécurité ont obligé les 3es années secondaires à rejoindre leur établissement. Un peu bousculés, certains se sont retrouvés avec un œil au beurre noir, d'autres griffés ; la police a fini par les faire rentrer de force dans les lycées. Malgré cela, les lycéens ont continué leur grève à l'intérieur de leur établissement en refusant de rejoindre les salles de cours. Ce mouvement s'est propagé dans plusieurs lycées, à savoir Omar-Racim, Sacré-Cœur, ex-Saint Michel, ex-Delacroix, Ibn-Nass, Ali-Boumendjel, etc. Selon les élèves contestataires, le 2e trimestre est entamé et ils ne sont qu'au début du programme. On parle de surcharge de leçons, de manque de travaux pratiques et d'exercices, voire même de professeurs qui n'arrivent pas à appliquer le nouveau programme de la réforme. “Nous avons eu cours même les jours fériés comme Mouharam, et nous n'avançons pas dans le programme. Trop c'est trop !” s'indignent-ils. Ils contestent, par ailleurs, le nombre d'épreuves à l'examen du baccalauréat. “Rien que pour les scientifiques, nous avons 12 programmes à préparer en comptabilisant la chimie et la géographie. Sans parler de la charia qui a le même coefficient que l'histoire-géographie et dont nous ne sommes qu'au deuxième cours. C'est de l'exagération !” conteste Lamine. En signe de bonne foi, il nous montre son bulletin scolaire du 1er trimestre. “Vous voyez, nous avons eu de bonnes notes, enfin plutôt moyennes, nous ne demandons qu'à étudier et améliorer notre niveau scolaire afin de passer l'examen qui va déterminer notre vie”, ajoute-t-il. Il est environ 12h, les élèves interpellés par la Sûreté nationale ont été enfin relâchés après quelques heures d'interpellation. À travers ce mouvement, les terminales réclament une prise en charge de leur revendication dans les plus brefs délais et menacent de boycotter l'examen du baccalauréat. Il est à noter qu'une lettre de revendications a été envoyée au ministère de l'Education. “C'est un message destiné au ministre : le programme doit être écourté si le ministre veut atteindre le taux de 50% de réussite au baccalauréat”, explique Amina. En attendant une réponse, les lycéens contestataires n'en démordent pas. Nabila Afroun