Tactique n Devant la répression policière, le Mouvement de l'opposition de M. Odinga a annoncé la fin des manifestations et une nouvelle stratégie visant à affaiblir le camp présidentiel. Au moins 25 personnes ont été tuées depuis mercredi en trois jours de manifestations convoquées par l'opposition kenyane, qui a changé de stratégie vendredi en appelant au bocyottage des entreprises proches du chef de l'Etat réélu, Mwai Kibaki. Hier, au dernier jour des manifestations visant à protester contre les résultats de l'élection présidentielle du 27 décembre, entachés de fraudes selon de nombreux observateurs, cinq personnes – quatre à Nairobi et une à Mombasa (est) – ont été tuées par balle par la police, qui a interdit tout rassemblement. Déplorant la répression des forces de l'ordre, neuf ambassades occidentales au Kenya, dont le Royaume-Uni, ont appelé les autorités kenyanes à cesser de tuer des «manifestants désarmés», enjoignant la police d'abandonner «tout usage disproportionné de la force». Cinq cadavres portant des marques de flèches et des coups de machettes ont aussi été découverts vendredi à Narok (sud-ouest) à la suite d'affrontements entre groupes rivaux, vraisemblablement dans la nuit de jeudi à vendredi. Hier, une manifestation de plusieurs milliers de personnes à Mombasa a été dispersée par la force, tandis que la police a fait usage de gaz lacrymogènes contre des centaines de manifestants à Kisumu. Politiquement, l'opposition change de stratégie et entame une nouvelle forme de résistance. «Nous entrons maintenant dans une nouvelle phase de la lutte qui inclura un boycottage économique par les consommateurs de grandes sociétés appartenant à des faucons proches de M. Kibaki», a expliqué le porte-parole de l'ODM, Salim Lone. Il a notamment cité la compagnie de produits laitiers Brookside Dairies, les compagnies de transports en commun City Hopper et Kenya Bus Service, ainsi que la banque Equity Bank. «De grâce, laissons le secteur privé en dehors de la politique», a réagi le porte-parole du gouvernement Alfred Mutua devant cette proposition de boycottage d'entreprises. Dans un rapport publié vendredi à Nairobi, une coalition d'organisations africaines a accusé des responsables de la Commission électorale kenyane d'avoir manipulé les résultats de certaines circonscriptions pour garantir la réélection de M. Kibaki. Sur le plan diplomatique, l'ancien secrétaire général des Nations unies Kofi Annan est attendu mardi à Nairobi pour tenter une médiation. De son côté, le président kenyan a nommé «un comité politique de haut niveau pour mener le dialogue national politique et la réconciliation nationale», composé notamment du vice-président et de six ministres.