Rôle n L'actrice est une étudiante qui s'est amourachée d'un professeur de trente ans son aîné, joué par Ben Kingsley, dans Elegy, présenté, hier, à la 58e Berlinale. Penelope Cruz campe Consuela Castillo, jolie étudiante d'une riche famille cubaine, qui entame une liaison avec son professeur de littérature David Kepesh dans Elegy, le 8e film dévoilé à la Berlinale, sur les 21 en compétition. Adapté de The dying animal, une nouvelle de l'Américain Philip Roth par la productrice, réalisatrice et scénariste catalane Isabel Coixet, Elegy était très attendu. Approchée par Hollywood après avoir signé en 2002 le très remarqué Ma vie sans moi où Sarah Polley jouait une femme malade qui dressait une liste de choses à faire avant de mourir, Isabel Coixet s'est vu confier ce projet au casting étincelant – Dennis Hopper a même un petit rôle – par le producteur de Million dollar baby de Clint Eastwood, Lakeshore Entertainment. «Lorsque j'ai su que j'allais adapter Philip Roth, j'ai pris peur, et lorsqu'on m'a dit que Ben Kingsley et Penelope Cruz allaient jouer dans le film, j'ai eu encore plus peur... c'était un vrai défi», a expliqué Isabel Coixet, lors d'une conférence de presse bondée. Interrogée sur son choix de ne pas transposer à l'écran la plupart des scènes érotiques écrites par Roth, elle a affirmé : «Nous avons jugé que montrer des scènes de sexe explicites n'était pas pertinent.» Si Elegy gomme en partie le contenu sexuel de la nouvelle, il est davantage fidèle à l'esprit caustique de son auteur, lucide observateur des mœurs américaines dans une trentaine de romans (Portnoy et son complexe, La contre vie, La tâche, Un homme). Ainsi le ton provocateur de Roth imprègne-t-il les savoureux dialogues entre le professeur pris par le démon de midi et son meilleur ami et partenaire de squash, joué par Dennis Hopper : marié depuis des décennies, ce dernier prône l'adultère, pourvu qu'il reste purement sexuel et secret. Mais après avoir lui-même protégé son «indépendance», le libertin David Kepesh alias Ben Kingsley s'enferre dans une liaison dont il connaît l'issue : Consuela ne pourra que le délaisser pour un homme plus jeune. C'est là que le film d'Isabel Coixet apparaît bientôt pavé de clichés : le héros jaloux soupire dans l'obscurité de sa chambre sur la perte hypothétique d'une muse au visage d'ange, auquel le scénario donne assez peu de consistance. Dans le rôle sans relief d'un bel objet du désir, Penelope Cruz – qui ne prend pas la peine d'avoir l'accent cubain et écope de dialogues d'une affligeante banalité – retrouve l'un de ses habituels emplois de bombe latine. Lorsque son personnage tombe malade, le film plonge dans le pathos. Ainsi, le film se révèle par la critique une plate adaptation de la nouvelle de l'écrivain Philip Roth par l'Espagnole Isabel Coixet.