Initiative n Le théâtre s'avère de par sa fonction sociale une tribune où s'exprime la voix du peuple. C'est toute son histoire et sa sensibilité qui y sont racontées. Outre sa charge artistique, il représente en effet un fonds historique et mémoriel de la société qui le pratique. Cela nécessite alors un travail de réflexion visant à l'entretenir à travers l'écriture et l'archivage. Interrogé sur la question de l'archivage, Brahim Noual, professionnel du 4e art et responsable artistique auprès du Théâtre national, a expliqué que le théâtre national se soucie, depuis quelques années, de mettre en place une politique dans ce sens. «Les archives du théâtre – articles, photos, affiches – remontent à 1962», a-t-il déclaré, ajoutant : «Ensuite, on a commencé, avec l'avènement, le développement et la propagation des nouvelles technologies, à numériser sur CD toute cette documentation.» Le théâtre national procède à l'enregistrement sonore ou visuel sous forme d'entretien avec les hommes et femmes de théâtre. «Il s'agit là de collecter et de préserver les témoins vivants du théâtre algérien.» Force est de constater que depuis l'arrivée de M'hamed Benguettaf à la tête de la direction du théâtre national, il y a effectivement cette volonté de s'intéresser à la mémoire du théâtre algérien, et cela à travers diverses actions dirigées dans cette direction. «M'hamed Benguettaf se soucie de cette mémoire afin de laisser un parcours aux jeunes générations à venir, des moyens pour vérifier l'histoire racontée sur la pratique théâtrale en Algérie», a noté Brahim Noual. Ainsi, pour assurer une meilleure gestion des archives du théâtre, le théâtre national prévoit des stages en bibliothéconomie et l'initiation à l'éthique des nouvelles technologies. Mais il serait fort intéressant de se doter d'une infrastructure muséale où sera conservée toute cette mémoire du théâtre algérien. «Il est intéressant, relève notre interlocuteur, de mettre plutôt en place une institution spécialisée dans la documentation, une institution chargée de collecter et d'archiver des documents relatifs au théâtre», ajoutant : «Mais ce que je propose pour le moment, en attendant cela, c'est la création soit d'une association, soit d'un comité, dont la mission consiste à faire un premier travail d'archivage. S'exprimant ensuite sur les costumes, Brahim Noual a assuré qu'ils sont conservés de la même manière que les maquettes, seulement pour certaines d'entre elles. S'agissant des décors, «ils sont soit conservés, soit recyclés». En outre, s'agissant de l'écriture de l'histoire du théâtre algérien, Brahim Noual a expliqué que cette tâche incombe aux universitaires. «C'est le rôle des universitaires d'écrire l'histoire du théâtre algérien», a-t-il soutenu. Et de poursuivre : «Le théâtre national travaille à construire des passerelles entre le théâtre et les universitaires de manière à encourager la recherche. Enfin, Brahim Noual a indiqué que «le théâtre national, par souci de mieux conserver et de gérer les archives du théâtre, a pris l'initiative de transférer ses archives vers la bibliothèque nationale.» Il est à relever que le théâtre national a mis sur pied un site Internet (www. Masrah.dz). l L'Algérie est connue pour être un pays à une longue tradition théâtrale, et cela depuis près d'un siècle, autant de gens de théâtre (comédiens, metteurs en scène et dramaturges…) ayant – et continuent – à marquer la scène par leur engagement dans l'action théâtrale. Il se trouve cependant que les instances concernées sont loin de se soucier d'une entreprise ayant pour objectif de récupérer toute cette mémoire théâtrale, de la conserver pour mieux l'enseigner aux jeunes générations. Cela a causé, et en l'absence d'un réel souci de préservation, un déficit en matière de témoignages, de références documentaires ou de sources d'information, notamment sur support visuel. Il y a très peu de traces écrites et surtout d'images sur les premières générations qui ont pratiqué le théâtre. C'est pour cette raison que des initiatives individuelles s'engagent dans une entreprise, même si elle s'avère modeste, de sauvegarde. Soucieux de lutter contre l'oubli et notamment motivé par le devoir de mémoire, Mohamed Hilmi, dramaturge, réalisateur, écrivain et homme de télévision et de radio, nourrit le projet de raconter l'histoire du théâtre algérien de sa naissance à nos jours, et cela à travers un feuilleton télévisé intitulé Les ondes de l'histoire. Ce feuilleton coproduit par la télévision s'étale sur 10 épisodes d'une durée de 30 minutes chacun. La réalisation d'un tel projet est certes louable, mais insuffisante. Il en faut davantage comme la réalisation d'une infrastructure muséale pour réhabiliter cette charge mémorielle qui s'avère à titre culturel un patrimoine d'une grande valeur à la fois historique et artistique.