Constat n La 58e Berlinale essuie de sévères critiques, à la veille de la remise de l'Ours d'or. «Une compétition ennuyeuse», émaillée de «tragédies ratées et de thrillers boiteux», un déficit d'audace et de nouveaux talents, des cinéastes confirmés pas toujours inspirés... Le programme était pourtant «sur le papier le plus alléchant depuis des années, mais peu de films ont marqué les esprits ou innové», dit Variety. Depuis sa projection au lendemain de l'ouverture, There will be blood de l'Américain Paul Thomas Anderson avec Daniel Day-Lewis était invariablement donné favori dans les critiques compilées par les journaux. «Pour employer une formulation généreuse, la compétition est très moyenne, excepté There Will be blood, tranchait dès mardi le Tagesspiegel. «Encore une fois, le comité de sélection a mis l'accent sur de beaux sujets, sans toujours prêter l'attention nécessaire aux qualités esthétiques et narratives», accusait le quotidien berlinois. Mais le jury choisira-t-il de récompenser l'ambitieuse fresque d'Anderson, où Daniel Day-Lewis campe un âpre magnat du pétrole ? Car celle-ci a déjà été unanimement célébrée, huit fois nommée aux Oscars, primée aux Golden Globe américains et aux Baftas britanniques... Le jury pourrait décider de mettre en lumière un film plus fragile tel que le poétique Lake Tahoe du Mexicain Fernando Eimbcke ou l'allemand Cherry Blossoms-Hanami de Doris Dorrïe, qui ont ému le public. «La Berlinale a démarré en beauté avec le documentaire de Martin Scorsese sur les Rolling Stones, mais après quelques jours un consensus a émergé : les films montrés en sélection courent le risque d'être éclipsés par ceux mis en avant au marché du film», tranche le magazine Screen. Toutefois Happy-go-Lucky du Britannique Mike Leigh, le chaleureux portrait d'une optimiste forcenée, a plu presque autant que There will be blood. «Dans une sélection faite de tragédies ratées et de thrillers boiteux, le film de Leigh constitue une turbulente et heureuse exception», affirme ainsi le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung. «La Berlinale aurait-elle pris un coup de vieux?», s'interroge Hollywood Reporter, citant l'âge des vétérans sélectionnés : Amos Kollek, 61 ans, Mike Leigh 64 ans, Yoji Yamada 76 ans, et Andrzej Wajda 81 ans... Aussi choisir Costa-Gavras, 75 ans, pour présider le jury tient davantage de l'acte de révérence que du geste fort, dit le magazine pour qui le prochain Festival de Cannes parie sur l'avenir en confiant cette fonction à Sean Penn. La 58e Berlinale a aussi essuyé la défection de deux membres du jury, la Danoise Susanne Bier et la Française Sandrine Bonnaire, qui n'ont pas été remplacées.