De tous les termes utilisés dans notre pays pour désigner l'argent, ch'kara est, sans doute, celui que tout le monde comprend facilement et parfaitement. Au nord comme au sud, à l'est comme à l'ouest, ch'kara est très «populaire». Y compris parmi… les enfants ! Dans la tête du commun des Algériens, l'argent est une valeur uniquement matérielle symbolisée notamment par ces sacs pleins de billets de banque. A vrai dire, l'image est loin d'être fausse, puisque la «ch'kara» a une existence réelle. Elle est très souvent utilisée dans les transactions immobilières et le commerce de gros, en particulier. Bien évidemment, cet argent échappe à tout contrôle. Beaucoup préfèrent ce moyen de payement pour éviter le fisc «Je connais peu de commerçants qui utilisent le chèque quand ils font leurs achats. Ils payent en espèces et en contrepartie, ils évitent de demander des factures à leurs fournisseurs», témoigne Chérif. La «ch'kara» est utilisée dans tous les secteurs, y compris celui du… sport ! Dans le milieu du football notamment, des sommes particulièrement importantes circulent librement. Il se murmure d'ailleurs que la quasi-totalité des primes de signature des joueurs leur sont remises dans des sacs. A ce propos, il y a lieu de rappeler qu'il y a deux ans, un joueur d'un grand club de l'est du pays s'est déplacé à l'aéroport de Annaba pour prendre l'avion avec, dans ses bagages, pas moins de 400 millions de centimes en espèces ! Bien évidemment, le recours à ce moyen de paiement engendre parfois des drames. Des crimes abominables ont été commis, en effet, par des criminels sans foi ni loi dans le seul et unique but de récupérer ces sacs pleins d'argent. Des crimes qui pouvaient être facilement évités pourtant…