Impasse n Depuis le début de la médiation africaine le 29 janvier, aucune avancée concrète n'a été obtenue sur la question du partage du pouvoir au Kenya. La secrétaire d'Etat US, Condoleezza Rice, visite aujourd'hui le Kenya pour tenter un règlement à l'amiable de la crise qui se noue autour de la prise du pouvoir depuis l'élection présidentielle du 27 décembre 2007 à l'occasion de laquelle le président en exercice a consolidé son autorité au moment où l'opposition crie à la fraude électorale. Mme Rice est attendue à Nairobi où elle doit s'entretenir avec le président réélu, Mwai Kibaki, et l'opposant Raila Odinga. Dépêchée dans la capitale kenyane par le président George W. Bush, la secrétaire d'Etat entend faire pression sur les rivaux kenyans pour qu'ils acceptent un accord de partage du pouvoir, également recommandé par le médiateur de l'Union africaine (UA), Kofi Annan. La Maison-Blanche a toutefois fait savoir que la secrétaire d'Etat ne s'attendait pas à un «accord définitif» lors de cette visite. Le président des USA a assuré ne pas vouloir «imposer» une solution au Kenya, après s'être entretenu à Dar es-Salam avec son homologue tanzanien Jakaya Kikwete, qui assure la présidence tournante de l'UA. L'entretien, selon M. Bush, a porté sur ce que l'Amérique peut faire pour «aider le processus à aller de l'avant» au Kenya. Pour le chef de la diplomatie kenyane, «ceux qui nous soutiennent devraient s'abstenir de tout langage catégorique, qui tendrait à faire croire qu'on nous dit : «Vous devez faire ceci ou vous devez faire cela». «Ce problème sera réglé par les kenyans», a-t-il insisté. D'après M. Annan qui s'est exprimé sur la question vendredi dernier, les négociateurs aux pourparlers avaient «défini un programme de réformes pour un nouveau gouvernement», mais qui nécessitait toujours un compromis entre les deux camps sur les modalités de sa mise en place. Depuis le début de la médiation le 29 janvier, aucune avancée concrète n'a été obtenue sur la question fondamentale du partage du pouvoir. Les deux parties ont réussi toutefois à se mettre d'accord sur une commission chargée d'enquêter sur «tous les aspects» de la présidentielle contestée et de rendre son rapport d'ici trois à six mois. Un accord de partage du pouvoir entre les deux parties est impératif pour sortir véritablement de l'impasse politique et lancer le processus de réformes essentielles pour une stabilisation durable du pays : révision constitutionnelle, refonte de la commission électorale, commission «Vérité et réconciliation», meilleure répartition des richesses... Les violences politico-ethniques qui ont suivi le scrutin ont été le révélateur de conflits fonciers et ethniques profonds jamais réglés depuis l'indépendance en 1963. Il s'agit de l'une des pires crises à laquelle le Kenya – jusqu'à présent allié de Washington et considéré comme l'un des pays d'Afrique les plus stables jusqu'à la fin de l'année dernière – ait eu à faire face depuis son indépendance.