Scène n Prière des pigeons est l'intitulé de la nouvelle production théâtrale du théâtre régional de Tizi Ouzou. «C'est une pièce adaptée du texte de Z'hour Ounissi», a déclaré Messaoud Belbaz, le metteur en scène, ajoutant : «Cette pièce se veut une adaptation libre et individuelle, mais sans pour autant altérer la nature et l'essence même du texte initial.» Cette individualité se traduit par le souci de conférer au texte un caractère scénique nouveau et, du coup, une dramaturgie particulière. «Il s'agit d'une comédie musicale», a-t-il lancé, soulignant que l'autre particularité de la pièce qui s'étale sur sept tableaux, c'est qu'elle s'organise comme une pièce dans une autre pièce. «Le texte fait voir deux pièces s'emboîtant l'une dans l'autre», a-t-il indiqué. Autrement dit, Prière des pigeons raconte une autre pièce, celle d'une jeune fille qui, en s'apprêtant à monter sur les planches, se fait assassiner par une main meurtrière, sanguinaire et, pis encore, inconnue, d'où le climat de peur et de suspicion qui s'installe parmi les autres femmes qui ont accompagné la victime. Selon le metteur en scène, la pièce, qui a été écrite dans une époque charnière de l'histoire de l'Algérie, celle de la décennie noire, raconte ce complot fomenté contre la femme afin de la priver de sa liberté et de ses droits élémentaires, afin de la réduire au silence et à l'aveuglement. Mais la femme va-t-elle se résigner à la soumission et succomber à la terreur ? C'est une interrogation qui, d'un bout à l'autre, ponctue la pièce. Messaoud Belbaz a, ensuite, expliqué que la pièce, qui véhicule autant d'idées que d'émotions, s'emploie à dire, en toute franchise, les expériences des femmes vécues dans une Algérie en proie à la violence et au déchirement. Interrogé, plus tard, sur le registre langagier dans lequel la pièce sera présentée, le metteur en scène a dit : «ça sera en arabe classique, on voulait respecter la nature linguistique du texte.» Car, a-t-il expliqué, «certains textes, comme celui-ci, ne peuvent être mis en scène que dans la langue où ils ont été écrits.» Et d'ajouter aussitôt : «Il est impossible de situer, d'encadrer, voire d'enfermer une pièce dans une langue type ou dans un mouvement scénique bien défini» car, a-t-il indiqué, cela réduirait de son caractère textuel et de sa valeur scénique. Cela revient à dire que la scène est la seule à décider dans quel registre langagier une pièce doit être jouée. Ainsi , au théâtre, le problème de la langue ne doit pas se poser, parce qu'il s'agit d'une fausse problématique. Enfin , il est à souligner que la générale de la pièce sera donnée, les 25, 26 et 27 février, à Djelfa. Une tournée est prévue dans d'autres villes du pays, notamment dans l'est : M'sila, Sétif, Khenchela, Djidjelli… Elle sera présentée à Alger dans le cadre du Festival national du théâtre professionnel.