Scène n Cette pièce s'écarte du mythe pour ne s'attarder que sur les réalités actuelles. «On fait un théâtre de recherche», dit Kamel Atouche, homme de théâtre de la troupe Enaouaris de l'association culturelle El-Ibdaâ el-adabi oua el-fikri de Bougara (Blida). Ce genre de théâtre permet, selon lui «de trouver d'autres idées, d'explorer de nouvelles pistes scéniques et d'expérimenter d'autres techniques d'expression théâtrales.» La troupe Enaouaris a l'habitude de travailler sur des textes à portée universelle, tels les grands classiques, à l'instar d'Œdipe de Sophocle. «Les textes universels sont une école», nous dira-t-il. Et de poursuivre : «Ils aident à former et à mon avis, pour faire du théâtre, il faut commencer par travailler les textes classiques.» La troupe Enaouaris a mis sur scène une nouvelle pièce. Une adaptation de la tragédie de Sophocle d'Œdipe. S'exprimant sur sa nouvelle production qui a bénéficié du soutien financier de la part du ministère de la Culture, Kamel Atouche, metteur en scène, explique que «la pièce n'est pas une reprise à l'identique de l'œuvre de Sophocle». «Notre pièce est une adaptation du texte de Tewfik El-Hakim qui l'a lui même adaptée de la tragédie de Sophocle. Notre spectacle, Le destin d'Œdipe, se veut une création dans la mesure où il y a travail d'adaptation du texte de Tewfik el Hakim.» «On s'est intéressé à une idée, à un aspect, à un élément qu'on a développé. On en a fait un spectacle, une création.» précise encore Kamel Atouche, soulignant avoir écarté la dimension et la symbolique mythique du texte pour ne s'intéresser qu'à son aspect psychologique. «Ce n'est pas le mythe qui m'intéresse, je ne cherche pas à raconter le mythe d'Œdipe. D'ailleurs la scénographie, signée par Ali Tali, est contemporaine, voire parfois de configuration abstraite. Il n'y a aucun élément ou référent qui renvoie à l'antiquité. Je voulais que la pièce soit moderne, donc actuelle afin de l'adapter au public, pour que ce celui-ci s'y reconnaisse.» Même la musique, signée de Salim Dada, accentue, selon le metteur en scène, la contemporanéité de la pièce et lui confère cette vérité abstraite de l'existence de l'homme ainsi que cette portée psychologique. «Le spectacle est de l'ordre psychologique et tout mon intérêt est porté sur les personnages et leur psychologie.» Pour le contenu de la pièce, celle-ci «traite de la mythomanie et montre comment prendre pour de vraies réalités ses propres mensonges. C'est cette dualité entre la vérité et le mensonge, dualité qui tiraille l'homme, que j'essaie d'exposer». Il est à noter que Le destin d'Œdipe, sera présenté au mois d'avril, au Théâtre national. La troupe Enaouaris participera avec ce spectacle au mois de mars au Festival régional de théâtre de M'sila, et au Festival universitaire d'Agadir (Maroc). La troupe est également programmée à Illizi. l Interrogé sur les raisons qui l'ont conduit à adapter la tragédie de Sophocle, Kamel Atouche dira : «Il y a toujours une histoire à raconter, une idée à approfondir, une piste à explorer et un élément à exploiter. Dans un texte classique, voire universel, comme d'ailleurs celui de Sophocle, il y a, en effet, des choses à dire parce qu'elles n'ont pas été dites. En outre, je suis enclin, en tant que metteur en scène, à m'aventurer dans pareille entreprise. J'aime fouiller, décortiquer un texte classique, car il nous révèle en conséquence des réalités jusque-là inexplorées et qui ,jusqu'à aujourd'hui, nous touchent et nous concernent.» Kamel Atouche nous dira aussi que «le texte nous donne la vocation», c'est-à-dire qu'il oriente le dramaturge sur la voie à entreprendre. C'est une question de sensibilité. Créée en 1995, la troupe Enaouaris se constitue comme «un laboratoire de théâtre», nous dira Kamel Atouche. Son objectif est la formation et la promotion de la pratique théâtrale. Son noyau se compose d'autodidactes. «Ce sont tous des universitaires, mais tous passionnés de théâtre. chacun apportera sa touche personnelle comme son savoir et sa sensibilité, et ce, pour enrichir et compléter l'expérience théâtrale de la troupe qui, de sa création à nos jours, a acquis une notoriété nationale et même à l'étranger.»