Il dit que ces formations lui ont été d'un apport incontestable bien qu'il ne nie pas la part de talent inné dans l'art du théâtre. S'il y avait un premier prix du meilleur comédien lors des premières journées du premier Festival du théâtre maghrébin d'expression amazighe, il aurait incontestablement été attribué à Sami Allam. D'ailleurs, l'un des rôles qui lui a été confié par le théâtre régional de Tizi Ouzou est des plus délicats. Il s'agit de Sinistri de Mohya. Ce rôle est difficile car le personnage en question doit évoluer sur plusieurs terrains. Il doit jouer la comédie même en pleine pièce: le rôle du menteur, quand il le faut, et c'est souvent le cas, mais aussi ceux de l'escroc, de l'avocat, du malade dans un état grave, etc. C'est dire que Sami Allam avait plusieurs rôles à interpréter dans la même pièce. Il s'en est sorti et il était difficile de reconnaître la part du jeu de celle du réel quand il est sur scène. Cette réussite lors d'un premier Festival de théâtre amazigh n'est pas du tout le fruit du hasard. Sami Allam a en effet derrière lui un parcours riche, fait de participations dans des pièces de théâtre amateur, puis quelques années plus tard, dans des pièces du théâtre professionnel. Ajoutez à cela le don qu'il a ainsi que les formations qu'il a suivies. Il dit que ces formations lui ont été d'un apport incontestable bien qu'il ne nie pas la part de talent inné dans l'art du théâtre. Déjà enfant dans la région de Azazga, il aimait imiter les cow-boys des films western. Adolescent, il écrit de la poésie mais très vite il lâche Baudelaire pour Beckett. C'était en 1995, il joue dans une pièce de théâtre amateur de la troupe de Azazga, intitulée Djaouida. Un petit rôle qui le révèlera au public. Une tournée pour le compte de cette première production le conduira dans plusieurs wilayas et jusqu'à Hassi Messaoud. La découverte de l'Algérie profonde se conjugua alors avec celle du théâtre, car plus on joue, plus on apprend, révèle-t-il. Son génie dans le théâtre a véritablement éclos lorsqu'il a été appelé à interpréter le rôle d'une femme car à l'époque, il n'était pas évident de dénicher dans les montagnes kabyles, une femme qui accepterait de jouer dans une pièce théâtrale. Dans cette pièce, Sami Allam incarna un rôle délicat puisqu'il se mit dans la peau d'une vieille Kabyle. Ici, aussi mission réussie de l'avis de tous ceux qui ont vu la pièce: Sami Allam a été à la hauteur. Mais ce que ce comédien considère comme étant l'un de ses meilleurs premiers pas, c'est la pièce Wad sidi qa daydi, co-écrite avec Malek Rachedi. Cette pièce a été adaptée de Le Voleur d'autobus de l'Egyptien Ihsen Abdlelkadous. «Dans notre adaptation, il n'y a pas que le prisonnier qui parle, nous avons apporté les répliques du juge», précise Sami Allam. Selon ce dernier, la nouvelle de l'écrivain égyptien a servi de squelette afin de faire une autopsie de l'Algérie de l'époque. Mais comme toute chose a une fin, Sami Allam finit par se lasser du théâtre amateur dont il commençait à découvrir les limites et les insuffisances. Il s'inscrit au Conservatoire central d'Alger. Il acquiert les rudiments du théâtre professionnel. Les connaissances acquises dans ce conservatoire, Sami Allam les met à la disposition de camarades de Azazga. Il met un pied dans le cinéma avec le film «Si Moh Ou M'hand», puis coréalise le documentaire sur Hanifa, la regrettée chanteuse kabyle. Quand le metteur en scène Kamel Yaïch l'a contacté pour interpréter Sinistri, Sami Allam n'a pas du tout hésité, car il avait gagné en expérience après avoir joué dans plusieurs pièces professionnelles. Sami Allam est maintenant convaincu d'avoir parcouru un long chemin, mais il reste encore beaucoup à faire. «J'ai appris que dans la vie courante, il est facile de respirer. En revanche, quand on est sur scène, il devient difficile de respirer», affirme Sami Allam pour expliquer que dans le théâtre, ce sont les choses simples qui sont difficiles à faire.