Carrière n Cet écrivain français décédé hier a été l'un des principaux théoriciens et auteurs du «Nouveau roman», un mouvement littéraire des années 1950 et 60 refusant les récits linéaires. Figure légendaire des lettres françaises, Alain Robbe-Grillet, mort à l'âge de 85 ans des suites d'un crise cardiaque, laissant la marque d'un auteur sulfureux et provocateur qui, avec d'autres, bouscula le concept même de littérature dans les années 1950. Il est aussi l'auteur d'une dizaine de films, entre érotisme et recherche formelle. Ainsi, l'écrivain, dont les fantasmes sado-masochistes, partagés avec sa femme, ont alimenté une œuvre parfois plus appréciée à l'étranger qu'en France, était aussi l'auteur de nombreux films. Né en août 1922, Alain Robbe-Grillet a été l'un des principaux théoriciens et auteurs du «Nouveau roman», mouvement dont les auteurs (Michel Butor, Samuel Beckett, Claude Simon et Nathalie Sarraute figurent parmi les plus connus) donnent à imaginer plutôt qu'à voir, refusant les récits linéaires d'une intrigue. Ses premiers titres, Les gommes (1953), Le voyeur (1955), La jalousie (1957), participent à ce mouvement et contribuent à le faire connaître à l'étranger. C'est à cette époque qu'émerge une génération d'écrivains désireux d'en finir avec la psychologie, au profit de descriptions ultra-précises, voire franchement maniaques, voulant donner à imaginer plutôt qu'à voir, casser la linéarité du récit. Tout de suite, c'est le scandale : cette aventure créatrice déchire l'intelligentsia et les lecteurs entre ceux qui considèrent que le mouvement fait sortir le roman du cadre qui l'enserrait et d'autres qui l'accusèrent de «tuer» la fiction. Inlassable provocateur, l'écrivain, cet homme plein de fantaisie et d'ironie, avait encore agité le monde des lettres avec son dernier livre, Un roman sentimental (Fayard), paru à l'automne 2007 enveloppé d'un plastique qui empêchait de le feuilleter en librairie. Il fut auteur et metteur en scène de films comme L'immortelle (1963), Trans -Europ-Express (1967), Glissements progressifs du plaisir (1974) ou La belle captive (1983). Il a écrit le scénario de L'année dernière à Marienbad (1961) d'Alain Resnais. Il avait été élu le 25 mars 2004 à l'Académie française -bien qu'il eut estimé que ce n'était pas un «très grand honneur» d'y entrer- mais il n'avait pas prononcé son discours de réception et n'avait jamais siégé dans les rangs des «immortels».