Organisme n Le ministère de l'Education nationale se dote d'un nouvel organisme pour tenter d'endiguer le phénomène des personnes ne sachant, en 2008, ni lire ni écrire. L'Office national d'alphabétisation et de l'enseignement des adultes se dote, dès aujourd'hui, d'un conseil d'orientation. Ce nouveau mécanisme a été initié par le ministère de l'Education nationale et le ministère délégué chargé de la Famille et de la Condition féminine. Un communiqué du département de Boubekeur Benbouzid précise que l'installation de ce conseil d'orientation, «entre dans le cadre de la stratégie de lutte contre l'analphabétisme.» Le conseil, censé coordonner les actions de tous les intervenants dans l'application de cette stratégie, est «un instrument nécessaire», selon Mme Aïcha Mebarki, présidente de l'association Iqra, qui s'est exprimée, ce matin, sur les ondes de la Chaîne III. L'organisme est nécessaire vu l'ampleur du phénomène. Selon Mme Mebarki, il a été recensé récemment plus de six millions d'analphabètes en Algérie sur une population actuellement estimée à 34 millions d'habitants. «C'est considérable», estime-t-elle. Une situation aggravée par la conjugaison de plusieurs facteurs. La dernière décennie – entre 1990 et 1999 – qu'a vécue le pays, a accentué le phénomène notamment dans les wilayas des Hauts-Plateaux et celles du sud du pays, indique la présidente de l'association Iqra. La dégradation du climat sécuritaire, durant cette période, a fait que des enfants n'avaient pas fréquenté l'école. Encore que l'obligation faite aux parents de scolariser leurs enfants n'est pas respectée. «Je crois que la première violence qu'on commet à l'égard d'un enfant, c'est de ne pas l'envoyer à l'école», affirme l'intervenante. Le ministre de l'Education a annoncé, début février, une amende de 50 000 DA aux contrevenants à la scolarisation obligatoire. A l'association Iqra, on s'interroge sur les modalités d'application de ce genre de mesure. En dehors du système scolaire, c'est un autre souci qui s'impose : «L'analphabétisation liée à la formation», c'est-à-dire, des personnes n'ayant aucune formation sanctionnée par un diplôme. «Un programme est déjà entamé au niveau du ministère de l'Enseignement et de la Formation professionnels et qui donne des résultats. Je ne vois pas pourquoi nous ne pourrons pas le généraliser…» et permettre à des «millions de jeunes de rattraper le temps perdu et en même temps de se former dans des ateliers des centres de formation professionnelle ou autres». Dans ce sens, l'implication du ministère de l'Enseignement et de la Formation professionnels «est absolument nécessaire», d'après l'invitée de la Chaîne III. S'agissant de la lutte contre ce fléau, l'heure est à l'optimisme. «Nous pouvons rattraper (le retard sur les pays voisins). Tout le monde doit rendre des comptes», assure Mme Mebarki.