Développement n Pour mettre en œuvre la nouvelle stratégie nationale d'alphabétisation et d'enseignement pour adultes, le budget est passé de 9 milliards de centimes (l'année passée) à 180 milliards de centimes cette année. C'est ce qu'a indiqué Boubekeur Benbouzid, ministre de l'Education, hier, lors de l'installation du conseil d'orientation de l'Office national d'alphabétisation et de l'enseignement des adultes au sein de son département ministériel. La stratégie adoptée par le Conseil de gouvernement le 23 janvier dernier, est basée sur un plan d'action projeté sur 10 ans (2007-2016). Elle vise, d'après le représentant du gouvernement, l'éradication du phénomène de l'analphabétisation auprès de 6 400 000 personnes. Mieux, elle retient comme principe l'élargissement de la responsabilité de la lutte contre l'analphabétisation à tous les secteurs concernés de l'Etat et à toute la société civile et la consécration du recours à toutes les structures d'accueil relevant de l'Etat et susceptibles d'abriter des activités d'alphabétisation. «Le conseil d'orientation que je viens d'installer aujourd'hui, c'est un nouveau décret qui fait donc des organisations non gouvernementales des partenaires à plein temps et à part entière», dira M. Benbouzid. Les représentants des organisations spécialisées dans la lutte contre l'analphabétisation, à l'image de ceux de l'association Iqra, El-Islah wa El-Irchad, El-Qalam, et des Scouts musulmans ont débattu avec le premier responsable du secteur un certain nombre de points qui demeurent ambigus aux yeux des concernés dans la nouvelle stratégie d'alphabétisation. Il s'agit, entre autres, du niveau d'études requis pour les encadreurs. A ce sujet, Mme Barki, présidente de l'association Iqra a soulevé le cas de centaines d'enseignants, exerçant au sein de son organisation depuis des années, menacés de licenciement faute de ne pas être diplômés de l'enseignement supérieur. «Il est inconcevable de se passer des services de ces encadreurs qui sont en train d'assurer un travail formidable au service de cette frange de société.» Lui emboîtant le pas, le représentant de l'association El-Qalam évoquera les conditions de travail parfois très difficiles de ces encadreurs notamment dans les régions rurales de l'Algérie profonde. «Ces formateurs, qui font leur travail avec passion et amour, rencontrent énormément de problèmes en termes de moyens. Malgré cela, ils continuent à le faire. Pensez-vous que les licenciés qui seront recrutés à leur place s'attacheront à ce métier pour toujours ?», s'est-il interrogé. Et d'ajouter : «Nous ne sommes pas contre le recrutement des universitaires, mais il faut garder l'effectif en place qui a acquis beaucoup d'expérience.» Aussi, le point concernant le nombre exigé pour l'ouverture d'une classe (division) a été discuté par les représentants des associations de la société civile. «Ils nous exigent un nombre de 20 personnes pour ouvrir une classe. Or, ce n'est pas évident de rassembler autant de gens. Nous voudrions que cela soit assoupli», dira Mme Barki. Après avoir écouté les différentes préoccupations des intervenants, le ministre de l'Education a instruit ses collaborateurs de se concerter davantage avec les partenaires de la société civile en vue d'adopter des approches à même de leur faciliter la tâche. Pour cela, rendez-vous est pris dans une quinzaine de jours. Examen de 6e «Les admis d'office sont ceux de l'ancien système» l Interrogé sur l'effet de démotivation, qui peut se créer chez les élèves de 6e année, après la décision du ministère consistant au passage «sans exception» pour tous les élèves, M. Benbouzid indiquera que cela concerne uniquement les élèves de l'ancien système. Cette année, nous avons deux promotions qui entrent en même temps, c'est l'ancienne sixième de l'école fondamentale et la cinquième année de cette année de la réforme. Pour l'ancienne sixième nous avons le choix entre deux choses, explique-t-il, ou bien les faire passer sinon les renvoyer. Néanmoins, poursuit-il, pour le deuxième choix, la loi l'interdit car là nous sommes dans l'étape de l'enseignement obligatoire. Alors, il nous reste uniquement le choix de les faire passer. Cela dit, les admis avec une moyenne inférieure à 10/20 bénéficieront d'un suivi particulier. «Tous ceux qui n'ont pas la moyenne auront un suivi pédagogique personnalisé même au niveau de l'enseignement moyen car l'objectif de la réforme est la maîtrise des langages fondamentaux», a-t-il conclu. l S'exprimant en marge de la rencontre, M. Benbouzid a rassuré les travailleurs de l'éducation que les nouveaux salaires (selon la nouvelle grille) seront perçus ce mois de mars. «Les corps communs seront payés au mois de mars selon la nouvelle grille salariale», a-t-il affirmé. Concernant le reste des fonctionnaires de toute la Fonction publique, le représentant du gouvernement fera savoir qu'ils seront payés en avril suivant la nouvelle grille des salaires, avec effet rétroactif et les nouvelles indemnités qui découleront des nouveaux statuts.