Peintures n Une exposition retraçant la peinture orientaliste se tient depuis mercredi au musée des beaux-arts. Regroupant une centaine d'œuvres, l'exposition, consacrée à nombre d'artistes à l'exemple de Eugène Fromentin, Alexandre Bida, Théodore Chesseriau, Chateaud Mar-Alfred, Alfred Dehondencq…, vient clore le programme initié, par le musée, à l'occasion de la manifestation «Alger, capitale de la culture arabe». Elle comprend des peintures, des dessins et des lithographies. Elle fait voir également des écrits, car «la littérature – la musique aussi – se veut aussi l'un des éléments fondateurs de la culture de l'orientalisme. S'étalant sur une période allant de la fin du XVIIIe siècle jusqu'au début du XXe siècle, l'exposition se veut une façon pédagogique de proposer une lecture plus critique et artistique de l'orientalisme. C'est dire que l'orientalisme notamment dans la peinture n'est pas une copie pâle de l'Orient, voire une représentation fantasmatique de l'ailleurs. Il est, bien au contraire, et avant toute chose, une sensibilité, un imaginaire. «C'est un art», a expliqué Rachid Akache, critique d'art et consultant auprès du musée des beaux-arts, ajoutant : «Il exprime ce passage entre le réel et le rêve.» L'orientalisme s'avère alors cette frontière, fine et mouvante, séparant le monde vécu et réaliste de l'existence rêvée, fantasmée et embellie par l'abondance des couleurs et l'opulence des formes : Femmes d'Alger dans leur appartement de Eugène Delacroix est un exemple manifeste de cette richesse au plan de la composition tant technique que thématique. En effet, les peintures présentées au public, peintures faisant partie du fonds muséal du musée des beaux-arts, offre une vision de l'Orient idyllique et enchanteresse, vision telle qu'elle était perçue et cultivée par l'Occident. Mais cela ne signifie pas une façon de ramener l'Orient dans un sens unique à une interprétation typique, stéréotypée, voire réductrice. C'est dire au contraire que l'Orient est un ailleurs et, en conséquence, il est différent de l'Occident. Les peintres orientalistes ou les peintres voyageurs s'employaient sur leur toile à représenter une différence. Ils décrivaient, par la même occasion, des habitudes culturelles comme des comportements sociaux. En résumé, ils montraient, par l'image, une vision du monde, celles des musulmans, telle qu'elle était vécue et cultivée dans cet ailleurs s'exprimant aussi bien en beauté qu'en lumière, tant en formes qu'en couleurs. C'est un monde tout en poésie – les hommes vivaient en harmonie avec le monde – qui se disaient dans la peinture orientaliste. Une peinture exprimant l'idéal esthétique.