Résumé de la 68e partie n Cordelia s'impatiente. Elle téléphone à Alvirah pour connaître les vraies raisons de l'absence de son frère, Willy. Le couvent était situé dans un vieil immeuble au coin d'Amsterdam Avenue et de la 110e Rue. Sœur Cordelia y vivait avec quatre religieuses âgées et une novice de vingt-sept ans, sœur Maeve Marie, qui avait été agent de police pendant trois ans avant de découvrir qu'elle avait la vocation. Lorsque Cordelia raccrocha le téléphone après sa conversation avec Alvirah, elle se laissa tomber lourdement sur une solide chaise de cuisine. «Maeve, dit-elle, quelque chose ne tourne pas rond avec Willy. Je le sens.» Le téléphone sonna. C'était Arturo Morales, le directeur de la banque de Flushing située au pied de l'ancien appartement de Willy et d'Alvirah. «Ma sœur, commença-t-il d'un ton navré, pardonnez-moi de vous déranger, mais je suis inquiet.» Ce fut le cœur serré que Cordelia écouta Arturo expliquer qu'Alvirah avait voulu retirer cent mille dollars de la banque. Ils n'avaient pu lui en donner que vingt mille, mais avaient promis de lui procurer le reste vendredi matin, elle leur avait dit qu'il lui fallait absolument cette somme pour ce jour-là. Cordelia le remercia de l'information, promit de ne jamais révéler qu'il avait violé le secret bancaire, raccrocha et ordonna à Maeve Marie : «Venez. Nous allons rendre visite à Alvirah.» Alvirah se présenta au Lincoln's Arms à seize heures précises. Elle s'était changée dans le terminus des autocars de Port Authority. A présent, face au concierge de l'hôtel, elle se sentait sûre d'elle dans son déguisement. D'un signe de tête, l'employé lui indiqua de se diriger vers une porte marquée ENTRÉE INTERDITE au bout du corridor. La porte conduisait à la cuisine. Le chef, un septuagénaire décharné qui ressemblait étonnamment à Gabby Hayes, héros de vieux films de cow-boys, préparait des hamburgers. Des nuages de fumée s'échappaient du gril. «Tu t'appelles Tessie ?» Alvirah hocha la tête. «Bon. Moi c'est Hank. Tu peux commencer à apporter les repas.» Le service d'étage était loin d'être raffiné. Des plateaux en plastique marron comme on en trouvait dans les cafétérias des hôpitaux, de grossières serviettes en papier, des couverts en plastique, des échantillons de pots de moutarde, du ketchup et des cornichons. Hank flanqua des hamburgers sans consistance sur des petits pains. «Verse le café. Sans remplir les tasses. Et sers les frites.» Alvirah obéit. «Combien y a-t-il de chambres ici ? demanda-t-elle en préparant les plateaux. — Cent. — Tant que ça !» Hank grimaça un sourire, révélant un dentier jauni par le tabac. «Quarante seulement sont occupées plus d'une nuit. Ceux qui viennent pour une heure ont rien à faire du service d'étage.» (à suivre...)