Avec la fermeture de l'usine de production d'amiante de Zahana, à Mascara, cela porte à 4 le nombre d'unités industrielles de production d'amiante qui auront mis la clé sous le paillasson et pour cause : les dangers générés sur la santé des travailleurs et l'environnement. Ainsi, on va pouvoir respirer à Gué de Constantine, à Alger, à Meftah, à Blida, à Zahana chez les Mascaréens et à Bordj Bou Arréridj. Ces unités de production bénéficiaient d'un moratoire afin de se débarrasser de leurs stocks depuis le décret d'application du 25 juillet dernier en référence à la loi sur l'environnement de 2003, interdisant l'amiante. « L'Etat algérien, qui veille sur la santé des citoyens, a pris la décision courageuse d'interdire la production et l'importation de produits contenant de l'amiante. De nouvelles usines verront le jour sur les sites fermés. C'est une priorité du gouvernement », déclare Chérif Rahmani, ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme, en marge d'une visite à Mascara à l'usine de production d'amiante de Zahana, et repris par l'APS. Une priorité qui s'inscrit dans le programme du ministère de l'Aménagement et qui visait à mettre les bouchées doubles pour l'élimination des déchets spéciaux. Cela a pris beaucoup de temps avant de s'apercevoir des dangers liés à l'utilisation de l'amiante. Différents scandales avaient éclaté à l'étranger, notamment en France dans les années 1990, mettant en action des industriels et des ouvriers. Des procès ont eu lieu à l'issue desquels des entreprises ont été condamnées pour avoir mis en danger la vie de leurs salariés. L'amiante a été interdite en France en 1997 ouvrant la voie à une large politique de désamiantage, le campus de Jussieu a été l'un des symboles. Aujourd'hui, la France dénombre plusieurs dizaines de milliers de décès liés à l'amiante. Danger de mort En Algérie, les travailleurs impliqués dans la décision de fermeture sont moins nombreux à l'usine de Zahana qu'à Meftah puisqu'ils sont 149 à être indemnisés. L'usine de production d'amiante-ciment de Mefath comptait quelque 475 salariés, également indemnisés pour un montant total de 170 milliards de centimes. Cette fois-ci aussi, « l'Etat prendra en charge leurs salaires et leur assurera un suivi médical gratuit à vie et des examens de santé périodiques destinés à prévenir toute éventuelle contamination par ce produit toxique », a souligné le ministre. Trois salariés sont décédés suite à l'inhalation prolongée des fibres d'amiante à l'usine de Meftah, selon les déclarations, la semaine dernière, de Mme Boudjemma, directrice de l'environnement au ministère de l'Aménagement. Les ouvriers sur place parlent d'une dizaine de personnes décédées d'un cancer de la plèvre. Il ne fait pas de doute que l'exposition prolongée à l'amiante expose les travailleurs à un cancer de la plèvre, appelé le mésothéliome et dont le pronostic est assez fatal. La maladie peut apparaître 20 à 50 ans après inhalation des fibres, et une fois découverte, le malade n'y survit pas plus d'une année. Plusieurs établissements sont composés d'amiante, puisque de nombreux matériaux comportant cette matière ont été largement utilisés dans les années 1970 dans les canalisations, les conduites, les revêtements de sol ou encore les faux plafonds. Des calorifuges et du flocage à base d'amiante ont servi à isoler des gaines ou des cloisons. Seule la coupole du 5 Juillet, à Alger, a été désamiantée, mais restent encore quelques établissements, dont Sonatrach qui a en charge un programme de désamiantage. Les produits fabriqués à l'usine de Zahana affichaient des taux de 5 fibres au centimètre cube, alors que la norme admise à l'échelle mondiale indique un taux de présence d'amiante de 0,5 fibre au centimètre cube. L'usine qui fait donc l'objet d'une dépollution de désamiantage s'étend sur une superficie de plus de 13 ha. Des études ont permis de révéler que la pollution d'amiante pouvait toucher les nappes souterraines obligeant à fermer rapidement les usines de production. « Les opérations de désamiantage, de dépollution et de décontamination de ces sites nécessitent des fonds considérables et des efforts pour assainir l'environnement et nettoyer l'eau, les terres agricoles, les équipements et les installations de toute trace de pollution », précise Cherif Rahmani, repris par l'Agence de presse algérienne. Dans la lancée, des opérations similaires sont envisagées dans les carrières d'extraction de fibres d'amiante et dans les décharges de ces déchets dont certaines, sauvages, ne sont pas réglementées pour recevoir ce type de polluant, tout en étant à proximité des habitations individuelles. Pour rappel, le ministère de l'Education avait instruit ses directeurs en juillet 2007 afin d'effectuer des opérations de recensement des établissements éducatifs comportant de l'amiante.