Pour les 4es journées de formation médicale continue (FMC), le service de pneumo-allergologie et d'oncologie thoracique et le CHU de Béni-Messous ont choisi, hier, de traiter du diagnostic et de la prise en charge du mésothéliome pleural ou le cancer de la plèvre. Le mésothéliome est un cancer qui se développe aux dépens de la plèvre qui est composée de deux feuillets entourant le poumon. C'est un cancer peu répandu mais virulent. Il est causé par l'exposition à l'amiante et se produit chez ceux qui ont aspiré des fibres d'amiantes. Au cours de la dernière décennie, 27 cas ont été diagnostiqués au CHU de Béni-Messous. Ce chiffre, qui est appelé à augmenter d'année en année, ne reflète déjà pas la réalité de cette pathologie en Algérie. Par ailleurs, les questionnaires qui permettent le diagnostic ont révélé que ce mal, même s'il est dit professionnel, touche également les personnes vivant dans des habitats précaires ou à proximité d'usines utilisant l'amiante. Il faut savoir que même si l'Etat a déjà procédé au désamiantage de nombreux édifices, les dégâts causés par l'exposition à l'amiante ne cesseront d'apparaître. En effet, ce cancer est très difficile à soigner car le plus souvent, les symptômes qui le caractérisent n'apparaissent clairement que 30 à 40 ans après la première exposition à l'amiante, ce qui retarde le traitement. La moyenne d'âge de cette maladie est de 60 ans et la prédominance masculine est notable. Certains des patients y ont été exposés à leur travail tandis que d'autres, notamment les femmes, l'ont été secondairement par des membres de la famille qui, à leur insu, ont ramené des fibres à la maison de leur travail dans leurs vêtements ou leurs cheveux ou sur leur peau. Le traitement de ce mal est en fonction du stade de sa découverte, d'où l'importance du diagnostic. Le médecin généraliste, qui voit le malade en premier, devra l'orienter en urgence vers un centre spécialisé en pneumologie et en oncologie thoracique. À ce niveau-là, le diagnostic sera facilité par la radiologie pulmonaire ou par scanner thoracique ou encore en ayant recours à la thoracoscopie. Cet examen capital ne se fait malheureusement que dans un seul service spécialisé en Algérie, ce que déplore le professeur Douagui. Spécialement invités pour l'occasion, les professeurs Gharbi, Bakdach, Mecheri des hôpitaux de Paris et le professeur Hayouni de Tunis, tous des spécialistes internationaux de cette pathologie, ont assuré aux côtés de leurs collègues algériens des exposés afin de mieux l'expliquer. Le symptôme le plus récurent est celui de l'effusion pleurale. C'est une accumulation de fluide entre les deux couches pleurales et se produit dans 95% des cas de mésothéliome en progression. L'effusion pleurale est souvent aiguë et entraîne des essoufflements extrêmes. Un tube de drainage thoracique est le plus souvent nécessaire pour rendre le confort au patient. La procédure utilisée pour prévenir le retour du liquide une fois drainé est un “traitement au talc”. Le talc semble l'agent le plus efficace avec un taux de succès de presque 95%. Les statistiques démontrent que la mortalité par mésothéliome augmente très rapidement depuis une vingtaine d'années. Selon un rapport rédigé pour l'occasion, “16 000 tonnes d'amiantes sont utilisées dans l'amiante-ciment dans des usines situées à Alger, Bordj Bou-Arréridj et Zahana (...) l'amiante est également utilisée dans les industries de friction à Alger et à Oran”. Dans ce même rapport, il y a également certaines recommandations adressées aux services publics. La première concerne la nécessité d'instaurer un programme national de FMC, qui s'adresserait aux généralistes et spécialistes afin de réduire les délais des diagnostics, ce qui permettrait de mieux lutter contre les cancers. La seconde concerne la tutelle à qui l'on propose la création au plus vite d'un service de chirurgie thoracique au CHU Béni-Messous, celui de Mustapha-Pacha n'étant plus suffisant. La dernière plaide pour une surveillance stricte des populations exposées aux risques de l'amiante ainsi que la tenue d'un registre national des cas de mésothéliome. Amina Hadjiat