Résumé de la 1re partie n Malfert sculpte une commode et la vend pour un propriétaire d'un château. Ce dernier la revend à quatre fois son prix à un collectionneur américain. Un chèque est établi à l'ordre du propriétaire du château et remis entre les mains du régisseur. Comme celui-ci a une procuration générale pour tout ce qui concerne la propriété, il l'encaisse, puis retire la somme sur laquelle il prélève 10% pour ses bons et loyaux services. Le régisseur remet ensuite 720 000 F à l'antiquaire. Celui-ci n'a déboursé que 25 000 F pour l'achat du meuble : voilà une affaire qui lui rapporte 695 000 F net. Heureusement, le châtelain ne surveillait pas de trop près les mouvements de son compte en banque. Heureusement, il n'a pas eu de contrôle fiscal. En tant que «propriétaire agricole», il ne risquait un contrôle qu'une fois tous les cent trente ans environ. D'ailleurs, à propos de «décor», il paraît que dans l'immédiat après-guerre une veuve, qui avait connu des jours meilleurs mais qui vivait dans un bel appartement du faubourg Saint-Germain, arrondissait ses fins de mois en «prêtant» ses salons pour ce même genre d'opération de «décoration». De temps en temps, un antiquaire apportait chez elle un meuble de fabrication très récente mais fort bien imité, y compris les trous de vers et la poussière. On disposait ce meuble dans un coin adéquat, on l'ornait de portraits de famille dans des cadres anciens et, dans les tiroirs, on laissait traîner quelques souvenirs de familles : vieilles lettres, éventail, etc. Puis, quand la mise en scène était achevée, on prenait rendez-vous avec un client «pigeon», de préférence américain. Celui-ci ne manquait pas d'être impressionné par cette dame qui avait encore de beaux restes et qui, la mort dans l'âme, était contrainte de se séparer de ce meuble, «dans la famille depuis l'époque de sa fabrication». Elle était irrésistible et, une fois le meuble exporté outre-Atlantique, elle recevait une jolie commission sur le bénéfice de la vente. En matière de tableaux, un antiquaire racontait, avec une certaine amertume, qu'il avait acheté dans un château un tableau, qui était suspendu au-dessus du lit de la grand-mère. Mais toutes les lumières étaient tamisées parce que la bonne vieille «souffrait des yeux». Quand il put examiner à loisir son achat, il se rendit compte qu'il s'agissait d'un faux grossier. Mais il n'y avait plus rien à faire...