Le patron de la libraire des Arts et des Lettres, créée à Val d'Hydra, fin 2002 en lieu et place d'un salon de thé, est un vendeur d'enfer. Un monsieur, entre pour acheter trois exemplaires de Algérie, vue du ciel, de Jean-Arthus Bertrand, il lui demande une ristourne. Pour conclure la vente, Mustapha Soal, sourire épanoui, consent immédiatement un rabais. Le métier de libraire est pourtant éprouvant car il dépend beaucoup des importateurs. Avant la loi qui exigeait qu'un importateur doit justifier d'un capital social de 20 millions de dinars, Mustapha Soal choisissait lui-même ses titres. Maintenant qu'il est question de retirer cette loi, trop contraignante, Mustapha Soal envisage de reprendre son travail d'importation : «Au niveau des livres importés, on souffre surtout du manque de nouveautés. On souhaiterait avoir un livre au moment où il sort alors que, dans les circonstances actuelles, cela prend facilement trois à quatre mois et même au-delà.» Les meilleurs vendeurs de la librairie des Arts et des Lettres, pour ce qui concerne les écrivains nationaux, Mustapha Soal les identifie rapidement : Hamid Grine, Corinne Le Chevalier, Meyssa Bey. Côté livres importés, Coelho, Khadra, Assia Djebar. Mustapha Soal sait faire tourner sa librairie. En face de lui, Hamid Grine, venu pour la dédicace de La Nuit du henné, signe à tour de bras. La dernière prière, Cueille le jour avant la nuit, tous deux, aux éditions Alpha, partent comme des petits pains sous le regard admiratif de son éditeur Lazhari Labter. L'attelage écrivain-éditeur-libraire doit être synchrone pour négocier les dangereux virages de la littérature.