Si vous vous promenez à Rome, non loin du château Saint-Ange, vous y découvrirez peut-être une petite église de style gothique, au bord du Tibre : il s'agit du Sacré-Cœur du Suffrage. Demandez à visiter la collection que renferme le presbytère, et apprêtez-vous à des visions étonnantes. Au début du XXe siècle un ecclésiastique, le père Victor Jouet, a fondé à Rome ce musée bien particulier : il est exclusivement consacré à des objets qui gardent des traces. Traces impressionnantes, puisqu'il s'agit de brûlures. Et ces brûlures sont, sans aucun doute, des manifestations laissées par des âmes de l'au-delà. Bien sûr, ces âmes ne reposent pas en paix puisqu'elles se manifestent, ou se sont manifestées, de cette manière très spectaculaire et sinistre. Sont-elles en train de brûler dans les flammes de l'enfer ? Mystère... Parmi ces reliques hallucinantes on peut contempler, sinon admirer, un livre de prières en allemand. Son propriétaire était un certain Georges Schmidt, et l'empreinte d'une main, dont on distingue nettement les cinq doigts, aurait été laissée par le défunt frère de Georges, Joseph. Cela se passait en 1838. Marie Zaganti, quant à elle, a légué au musée un livre de prières sur lequel son amie Palmira Rastelli, décédée peu de temps auparavant, a jugé bon de laisser la marque en forme de brûlure de trois de ses doigts. On était en 1871. Que voulait-elle dire par là ? Mystère... La marquise Degli Astalli était la nièce du pape Innocent XI. Elle mourut plutôt jeune, en 1683. On l'enterra, mais quelques jours après la cérémonie, la marquise apparaît à l'une de ses servantes, qui n'en demande pas tant : «Dis à mon époux que je demande deux cents messes pour le repos de mon âme», lui dit-elle. Le mari, informé, se montre un peu vexé : «Et pourquoi ma défunte épouse ne m'apparaît-elle pas directement, au lieu de s'adresser à une domestique ?» La marquise, qui a entendu la question, se manifeste encore pour expliquer que «Dieu ne permet pas cette communication directe». Pour convaincre son veuf, elle laisse, elle aussi, une marque carbonisée de sa main sur... la couverture du lit conjugal. Un père jésuite, ordre où l'on a peu tendance aux extases désordonnées, est témoin des faits et les consigne immédiatement pour la postérité. Et la reine Christine de Suède, qui ressemble plus à une mécréante sans foi ni loi qu'à une chrétienne pur sucre, a, dans les semaines qui suivent, l'occasion d'examiner elle-même la marque laissée par la marquise. Le pape Innocent XI, l'oncle de la défunte, est, lui aussi, amené à se pencher sur la marque. Non seulement il reconnaît la taille de la main de sa nièce, mais encore il distingue dans la brûlure une déformation du pouce dont celle-ci avait été affectée durant toute sa vie. Comment tout cela a-t-il commencé ? Nous sommes en 1897, et le père Victor Jouet, un Français, est en train de dire sa messe dans une chapelle consacrée à Notre-Dame du Rosaire. Soudain le feu se déclare sur l'autel même où il officie. Aussi inexplicable qu'il soit, le feu se déchaîne en véritable incendie et, à travers les flammes, le prêtre et les fidèles qui assistent à la messe voient apparaître une forme humaine : un visage qui exprime la douleur la plus extrême. Quand le feu se calme, on constate que ce visage humain est resté marqué sur un des panneaux de bois de l'autel. Une foule considérable accourt bientôt pour voir cette marque d'une «âme en peine». Personne ne doute qu'il s'agisse d'un défunt du purgatoire. (à suivre...)