De notre envoyée spéciale à Milan Amel Bouakba Bienvenito, ben arrivato, (bienvenue en italien), lance Giorgio, un jeune Italien étudiant en commerce international, le visage tout sourire. Le ton chaleureux contraste plus que jamais avec la nouvelle politique hostile aux étrangers et aux immigrés clandestins adoptée par Silvio Berlusconi. Le nouveau chef du gouvernement italien n'en finit pas de traquer les étrangers. Sa nouvelle trouvaille, il veut criminaliser l'immigration clandestine, en faire un délit passible de prison et accélérer les procédures d'expulsion. Signe de la détermination du nouveau chef du gouvernement Silvio Berlusconi à lutter contre l'immigration clandestine, la police italienne mène de vastes opérations contre les immigrants clandestins. De retour à la tête du gouvernement après avoir mené campagne sur le thème de l'immigration, Silvio Berlusconi a annoncé un durcissement de la politique à l'égard des immigrés clandestins, auxquels une partie de l'opinion publique impute la progression des actes de délinquance. Les Italiens accusent ces étrangers d'être à l'origine de constants sentiments d'insécurité au sein de la population. Les Italiens parlent, d'ailleurs, des violences qui éclatent ici et là, perpétrées par les Roms (Tziganes roumains) qui sèment depuis quelque temps la terreur dans certains quartiers. Il y a comme une vague de «xénophobie» et de «racisme» qui traverse le pays. L'Italie est-t-elle en train de tourner le dos à la Méditerranée ? Berlusconi, une politique à la «Sarkozy» Le nouveau chef du gouvernement pourchasse les immigrés. Tout comme le président français, Nicolas Sarkozy, Berlusconi adopte une politique répressive à l'égard des étrangers. Le gouvernement a ainsi proposé de punir l'immigration clandestine de six mois à quatre ans de prison, de faciliter les expulsions et de restreindre le regroupement familial. Les risques d'une montée du racisme ne sont pas écartés dans la péninsule. Aux alentours des lieux publics, la police opère des patrouilles régulières, à l'affût des étrangers. La majorité des personnes interpellées sont originaires d'Europe de l'Est, d'Albanie, de Grèce, d'Afrique du Nord et de Chine. On leur reproche divers griefs, allant de l'entrée illégale sur le territoire italien, à la prostitution, en passant par le trafic de drogue et le vol. A l'instar de nombreux candidats à l'immigration, beaucoup d'Algériens périssent en pleine mer en tenant de rejoindre l'Europe via l'Italie. Mais en dépit de cette politique hostile, les étrangers continuent à mettre le cap sur l'Italie, fuyant une pauvreté galopante ou des régimes totalitaires et croyant trouver l'eldorado, ou dans d'autres cas transiter vers l'Europe. On croise souvent des Egyptiens, des Tunisiens, des Marocains, des Libyens et des Algériens déambulant dans les rues et les quartiers milanais, le regard nostalgique. Hamid est l'un de ces jeunes Algériens, un Oranais qui a pris le large pour rejoindre l'autre rive de la Méditerranée, la tête pleine de rêves. Mais il a vite fait de déchanter. L'herbe n'est pas forcément plus verte ailleurs. «Cela fait plus de dix ans que je vis à Milan», lâche-t-il, le visage émacié par des années de dur labeur, de fatigue, de fuite, de faim. Dans le regard de ce sans-papiers se lisent toute la nostalgie et la désillusion des Algériens qui ont quitté leur pays en quête du mieux, du meilleur. «Je n'ai pas de travail régulier mais je me débrouille», confesse-t-il. «Le pays me manque énormément [natwahach bezaf leblad]… mais j'essaie de contacter mes proches le plus souvent possible.» Tout comme lui, beaucoup d'Algériens rencontrés dans le métro traînent leurs peines et leurs rêves. Ils réapprennent à vivre au rythme accéléré des villes occidentales. Un rythme infernal qui n'offre pas de répit. «Ici, le temps, c'est de l'argent.» Tout est chronométré, avoue un groupe de Maghrébins. On est constamment appelé à courir, courir sans jamais s'arrêter de peur de rater le métro, le train ou le bus. La vie est devenue excessivement chère en Italie, et particulièrement à Milan, la ville des riches. Depuis l'accession à l'Union européenne, les prix sont montés en flèche. Les Italiens se plaignent de la cherté de la vie. Milan ne sourit plus aux immigrés A Milan, la popularité de Berlusconi a baissé, comme en témoigne le sondage du site Internet de La Repubblica dévoilant que le nouveau chef du gouvernement italien a entamé son mandat avec une cote de popularité de 53%. En 2006, Romano Prodi avait débuté avec 58%. Mais malgré sa popularité en baisse, l'inusable Berlusconi séduit toujours les Milanais. Le nouveau chef du gouvernement a provoqué un bain de foule devant un de ces grands magasins de joaillerie situé en plein centre de la capitale lombarde, sur le boulevard de la Porta Di Venizia (porte de Venise). Une foule se bouscule devant le très chic et très élégant magasin Swarovski. «Berlusconi est venu acheter une montre de cette prestigieuse marque», lance une Italienne luttant à corps défendant pour prendre une photo du chef du gouvernement à l'intérieur du magasin. Difficile de se frayer un chemin à cause de la dizaine de gardes du corps qui encerclent les lieux. Mais la foule ne se disperse pas. Milan, un goût de «dolce vita» Les Italiens veulent pourtant se démarquer de leur chef du gouvernement, impopulaire auprès des étrangers. Giorgio, jeune Italien, étudiant en commerce, rappelle cette incroyable douceur de vivre, la dolce vita, qui fait la réputation des Italiens. Ces derniers n'ont rien perdu de l'art de séduire. «Que bella !» lancent-ils à tout va… Les Italiens ne font pas soupirer les femmes qu'à Venise. Là où il y a un Italien, il y a un pont de soupirs. A croire que, dans chaque Italien, il y a un «don Juan» ou un «Casanova» qui se cache. Toutes les femmes retrouvent leur beauté en Italie. L'enchantement de la ville lombarde nous enveloppe d'un romantisme indescriptible. Milan, même si elle est moins envoûtante que la très romantique Venise, dispose de nombreux atouts. Des atouts qui ne peuvent laisser insensible ni indifférent. A quelques jours de la saison estivale, les touristes ont déjà jeté leur dévolu sur Milan, Milano en italien, principale ville du nord de l'Italie et capitale économique du pays. On est loin de Naples où le scandale des pyramides d'ordures ménagères défraie la chronique. Dans la ville si chère à Berlusconi, il fait bon vivre et les touristes peuvent s'en donner à cœur joie, se promenant entre les musées, les théâtres, sans oublier de faire du shopping, en déambulant à travers les grands magasins de la chic et très prospère ville de Milan. Les nationalités du monde entier se confondent à l'aéroport de Malpensa, à 50 kilomètres de Milan. La ville du Milan AC affiche déjà les couleurs de l'été. Au même titre que Chicago, Francfort, Singapour, Los Angeles et Hong Kong, Milan est une ville mondiale. C'est aussi le siège de la Bourse italienne représentant un grand pôle d'attraction pour les sièges administratifs de diverses multinationales. Le charme de cette ville italienne aux multiples facettes séduit les visiteurs qui peuvent profiter à loisir des plaisirs à la «milanaise». «San Siro», un royaume du football… On ne peut pas venir à Milan sans voir le célèbre stade «San Siro», que les Algériens affectionnent particulièrement, et qui revient dans les refrains que chantent les «Usmistes» dans les stades algériens. Ce stade est d'ailleurs un lieu de prédilection et même de pèlerinage des touristes et des visiteurs venus des quatre coins du monde. Le football occupe une place importante dans le cœur des Italiens, et encore plus dans celui des Milanais. Et pour cause : Milan compte deux grands clubs, l'FC Internazionale, (Inter de Milan) et le Milan AC. Les «i cugini» (les cousins) jouent dans le fameux stade San Siro, qui vibre au ton des plus grands matches du championnat italien et des coupes européennes. Le très célèbre stade «San Siro» est l'une des destinations préférées des touristes et des visiteurs. Réputé pour ses musées, ses théâtres et ses industries, Milan fait surtout figure de bastion mondial de la mode. Nous sommes dans la ville d'Armani, Prada, Gucci, Versace, Valentino et Gabana. Dans la ville de la mode par excellence, les touristes adoptent la fashion attitude. C'est là que se déroulent les plus grands et les plus glamours défilés de haute couture et que logent les plus impressionnantes maisons du luxe italien. C'est surtout la ville de l'empire Armani. Ce grand couturier lombard a brillé par son talent, dévoilant au monde entier un savoir-faire unique. Milan rivalise incontestablement avec Paris et New York en matière de mode, de glamour et de magie. Le monde n'a d'yeux que pour Milan. Les stylistes de Lombardie et les grandes maisons de couture italiennes mettent le feu sur les podiums milanais, brillent de mille feux, lors des présentations de défilés et de différentes collections de prêt-à-porter. Mais la mode à Milan coûte cher. Les petits budgets ne feront que regarder et apprécier la beauté et le luxe sans pouvoir y toucher. Ceux qui viennent à Milan ne pourront toutefois pas résister au shopping dans les magasins huppés, même si les prix ont de quoi en décourager plus d'un. Les deux plus grandes rues de la mode : via Motenapoleone et via della Spiga incarnent le quadrilatero della moda, le carré de la mode, où cohabitent les plus grands noms de la mode luxueuse italienne et mondiale. Les prix y sont inabordables. En revanche, les petites bourses, qui désirent se rabattre sur des produits bon chic bon genre à des prix accessibles, peuvent toujours se diriger vers le long boulevard de la porta di Venizia. Dans ses boutiques bon marché, il n'y a pas que des produits «made in Italia». Milan, à l'instar du reste du monde, est inondée de produits chinois. Même la très réputée chaussure italienne est en train de céder la place à une production chinoise au prix très bas. C'est presque une insulte aux grandes marques italiennes que de voir la chaussure chinoise dans ces boutiques. Quand la tradition cohabite avec la modernité Tout comme Rome, Venise, Florence ou Naples, Milan est l'héritière d'un passé de plus de trois mille ans. Elle livre au visiteur les pages riches d'un livre d'histoire à ciel ouvert. La capitale de la région de Lombardie est une ville de contrastes. Tradition et modernité y cohabitent harmonieusement. Le regard est admiratif devant les strates historiques accumulées au fil des siècles : ruines romaines (colonnes de San Lorenzo), centre médiéval, œuvres de la Renaissance (c'est ici que la fameuse Cène de Léonard de Vinci se cache, dans l'église Santa Maria delle Grazie), splendeurs gothiques (la cathédrale de Milan), monuments ultra modernes du centre financier et le très magique château des Sforza (le Castello Sforzesco). Devant ce magnifique château situé en plein cœur de la ville, on ne peut que rester émerveillé. Prise dans l'élan de la vie moderne, l'histoire de cette bâtisse impressionnante, au centre de Milan, nous surprend et nous plonge dans le passé. Construite par les Visconti au XIVe siècle le long des murailles médiévales de Milan, l'imposante bâtisse se transforme en château avec l'arrivée de Francesco Sforza comme duc de Milan, en 1450. Celui-ci fait alors construire les tours à l'extrémité du château et installe une cour interne : la Corte ducale. A la fin du XVIIIe siècle, Napoléon décrète même sa destruction pour loger ses troupes. Mais le destin en fera autrement et, aujourd'hui, le sublime château s'affiche en grandeur nature, au grand bonheur des touristes et des visiteurs qui ne peuvent résister d'y faire un tour. Même durant la nuit, les bus transportant les touristes font d'incessantes navettes vers ce lieu magique. Le château des Sforza abrite aujourd'hui quatre musées : un musée archéologique, mais aussi des musées de sculptures, d'instruments de musique et d'art antique. L'espace d'une visite, on plonge volontiers dans la période du Moyen Âge à la Renaissance. «Le Duomo», symbole de Milan Si Rome est la capitale culturelle et administrative de l'Italie, Milan est indéniablement le centre de la vie économique de la péninsule. L'église Santa Maria delle Grazie se trouve non loin du château. Dessinée par Bramante, elle est l'une des plus visitées de Milan. La raison en est toute simple : l'église abrite le très célèbre chef-d'œuvre de Léonard de Vinci : la Cène. Commandée en 1495, par Ludovic Sforza pour décorer le réfectoire du couvent dominicain attenant à l'église, elle n'en a, depuis, jamais bougé. L'œuvre représente le dernier repas du Christ avec ses apôtres, et plus précisément le moment où il leur annonce que l'un d'entre eux le trahira. Située sur la piazza del Duomo, à Milan, «Le Duomo» ou «la cathédrale» est devenu le symbole fort de la ville. Elle est la plus grande église d'Europe après Saint-Pierre-de-Rome et la cathédrale de Séville. Tout en dentelle gothique, cette cathédrale est impressionnante par son architecture majestueuse. Les travaux de cette bâtisse ont démarré à la fin de l'ère gothique en 1386, sous l'impulsion de Jean Galéas Visconti, mais il a fallu près de 450 ans pour l'achever complètement (sous l'impulsion de Napoléon Bonaparte). L'intérieur est gigantesque. Cette cathédrale est l'une des plus grandes églises gothiques du monde : 157 mètres de long et 92 mètres de large. Le Duomo de Milan s'élève majestueux au cœur de la capitale lombarde, offrant une apparence étonnante de contradiction. D'un côté, large et massive, et de l'autre, légère, élancée et piquante avec sa multitude de pinacles, flèches et autres clochetons, cette merveille gothique, commandée par un prince Visconti, dévoile remarquablement un mélange étonnant et détonnant de baroque, classique et néo-classique. A partir du toit, une vue imprenable sur la ville. Après une escapade dans le passé gothique, retour à la vie milanaise où le bon goût et le raffinement sont presque partout. Des savoureuses pastas italiennes jusqu'aux dernières tendances mode… Il y a comme un vent de romantisme qui plane sur la capitale de la Lombardie…