Exubérance n Le vernissage de l'exposition de l'artiste Hamza a eu lieu, mercredi, au musée d'art moderne. L'œuvre de Hamza Bounoua – elle a pour titre l'ascension de la lettre vers le ciel – s'inscrit plutôt dans une démarche artistique consistant à privilégier plus l'aspect décoratif que dans un raisonnement intellectuel visant à favoriser la recherche esthétique et thématique. Les tableaux exposés sont plutôt une représentation d'un imaginaire coloré et savoureux qu'un exercice de création et de réflexion sur l'art. Il y a un goût démesurément prononcé pour l'Orient. Chaque tableau est une évocation excessive notamment en couleurs de cet ailleurs si chatoyant et sensationnel ô combien cher à l'Occident. Sa peinture est alors identique au cliché. C'est un appât pour attirer l'attention et susciter la curiosité comme elle est un appât pour alimenter les fantasmes. Chaque tableau se présente comme une composition très marquée et serrée de lettres inspirées de l'alphabet arabe – il s'agit de l'art du signe, une réécriture de l'alphabet où se côtoient parfois avec les lettres des silhouettes humaines. La surface du tableau apparaît comme une organisation fort concentrée de motifs arabesques. Il se trouve que cet agencement condensé et diffus fait que le contenu se révèle systématiquement compact et déroutant tant il y a une surcharge de matières. Cela rend la lecture du tableau aussitôt confuse, brouillée et même opaque. En outre, il y a redondance de motifs et de modèles alphabétiques : la plupart des tableaux vont jusqu'à se ressembler de manière à se confondre et, en conséquence, à se perdre dans un étalage outrancier de coloris. La peinture de Hamza Bounoua est tout simplement une peinture d'une extrême richesse visuelle. C'est une peinture du faste et de l'apparat, de l'ostentatoire et de l'excès. Il y a autant d'outrance que de fioriture. Elle est une illusion. Dépourvue de fonds et de sensibilité, elle est aussi une peinture ayant pour emploi de plaire et de séduire – il s'agit là d'un aspect fonctionnel de la peinture décorative. En somme, l'art de Hamza Bounoua s'avère manifestement superfétatoire. C'est un art qui, relevant du folklore, revêt un caractère commercial. Le regard, dès la première approche, en est attiré tant les couleurs sont belles et exubérantes, mais en observant de plus près et notamment avec un regard critique chacun des tableaux, l'on s'aperçoit d'emblée de la légèreté et de la monotonie de l'œuvre : inconsistante, creuse, plate. C'est une peinture inexpressive et quelconque. Enfin, la question qui accompagne, d'un bout à l'autre, cette exposition est : y a-t-il une commission chargée d'évaluer la qualité du travail de l'artiste ? Si c'est oui, c'est sur quels critères le choix de l'artiste a été fait ? Car à en juger le contenu de l'exposition, il est, à l'évidence, clair de déduire que celle-ci a été fortuitement organisée.