Combien de nos artistes contribuent à donner une image vivante de l'Algérie dans le monde? pourrait-on s'interroger. «L'ascension de la lettre vers le ciel» est le thème d'une exposition de Hamza Bounoua, qu'a inaugurée mercredi dernier Khalida Toumi, ministre de la Culture, au Musée national de l'art moderne et contemporain. (MAMA), et qui rentre dans la suite des activités de l'événement «Alger, capitale de la culture arabe 2007». La calligraphie arabe a toujours fasciné. Portée par le souffle de la révélation coranique, elle a atteint des sommets au fur et à mesure que la civilisation musulmane s'épanouissait. «Cet essor s'est traduit par un foisonnement créatif sans pareil. Des écoles sont apparues, telles que celles de Koufa et Basra qui rivalisaient de perfection et d'audace. Des styles sont nés, comme le nasri, le koufi, le diwani, etc. avec leurs innombrables variations et combinaisons. Des maîtres se sont distingués, initiant une longue chaîne de filiation artistique, transmise à travers les siècles de disciple à disciple. Mais, plus que cela, la lettre a rayonné sur l'environnement, sortant des livres pour se répandre», a souligné Mme la ministre. De nombreux artistes algériens exercent leur talent à travers le monde et l'un des objectifs du Musée national d'art moderne et contemporain d'Alger consiste à les faire connaître (ou mieux connaître) du public algérien en leur offrant un espace en mesure de rendre compte de manière importante de leur démarche artistique. Hamza Bounoua est de ceux-là. Né en 1979 à Alger, il y a étudié à l'Ecole des beaux-arts. Aujourd'hui, il vit et travaille dans les pays du Golfe où sa renommée est solidement établie. Il réalise sa première exposition individuelle en 1999 à la galerie Esma, (Alger). Depuis, il est fortement présent dans les manifestations artistiques dans les pays du Golfe qui ont connu ces dernières années, un essor particulier dans l'art contemporain. De même, ses oeuvres ont parcouru divers endroits du monde depuis la fin des années quatre-vingt-dix, le signalant en Jordanie, en France, au Canada, au Brésil, en Bosnie, en Chine. Son art a connu une évolution remarquée, gagnant en maîtrise et surtout affirmant de plus en plus sa ligne artistique et son style. L'art de Hamza Bounoua se situe à la jonction de la peinture et de la calligraphie. De la peinture, il a gardé les supports, les techniques et les matériaux. Il y a puisé aussi la liberté du geste et la richesse des traitements chromatiques, s'appuyant sur les tendances modernes et contemporaines de cet art. Quant à la calligraphie, devenue l'élément principal de son travail, elle lui a apporté une rigueur d'exécution, le goût de la perfection mais aussi une inspiration qu'il conçoit autant au plan artistique que spirituel. En cela, il s'inscrit bien dans la filiation des peintres algériens, et notamment Mohammed Khadda, qui avaient construit à partir de la lettre arabe un langage pictural contemporain. Cette approche, d'ailleurs commune à d'autres pionniers de l'art moderne au Maghreb comme au Machrek, Hamza Bounoua s'en réclame pleinement. A partir de là, il a développé sa démarche et mis en oeuvre son propre style qui exprime pleinement son talent. Le faire découvrir, dans un cadre aussi approprié, au public algérien permettra de rendre hommage à son travail et de souligner combien nos artistes contribuent à donner une image vivante de l'Algérie dans le monde. «Cette action, qui vient en complément de celle en direction des artistes vivant au pays, doit permettre de renouer les fils de la création algérienne qui, comme toutes les autres, aspire autant à son épanouissement à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. Aujourd'hui plus que jamais, l'art se nourrit de la proximité à ses sources et références comme de ses ambitions internationales», a fait remarquer Mme Khalida Toumi.