Tout le monde est dans les cybers ; ces derniers, dépassant le nombre de 6 000, affichent complet. On prend sa place et pour 30 DA l'heure, on devient citoyen du monde. Plus besoin de passeport, ni de visa. Pékin, New York, Accra, le monde entier, au bout du clavier. Nationalités abolies, la planète entière communique dans la même frénésie. Internet offre, seul dans sa catégorie, l'avantage de la proximité moins l'inconvénient de l'anonymat. On y fait connaissance, on s'y fréquente, on s'y marie. Les jeunes filles se font des petits amis virtuels, prennent rendez-vous pour l'année prochaine, rencontrent enfin celui qu'elles n'ont connu que du bout des doigts. Les ados se livrent à des jeux de massacre qui ne dérogent pas à l'atmosphère ambiante : sortis des cybers, ils sont en plein cœur de l'action : des voitures de police, sirènes hurlantes, sillonnent les rues. Des camions explosent. Les terroristes se font effacer comme sur l'écran, cinq minutes auparavant. Les usagers de l'internet – 3,5 millions en Algérie avant la fin de l'année – ne se ressemblent pas tous : cela va de la secrétaire qui fait corriger sa correspondance avant de la présenter à son supérieur jusqu'au passionné d'échecs qui joue contre lui-même en passant par le cérébral qui teste son QI pour le comparer avec celui de Sharon Stone. Mais attention aux escroqueries, à ces millions d'euros promis par des filous qui veulent uniquement vous soutirer vos économies. Tout le monde est sur internet. Mais qui le connaît vraiment ?