Il y a quelque années, plus précisément en juillet 2003, la ville de Cape Town en Afrique du Sud a abrité une cérémonie aussi prestigieuse que celle du tirage au sort de la Coupe du monde de football mais qui hélas n'avait pas été retransmise par les télévisions du monde entier. Néanmoins, cela ne diminue en rien le prestige ni l'importance historique de cette cérémonie officielle de remise des prix des 100 meilleurs livres africains du XXe siècle, qui avait été présidée par le professeur Ndjabule Ndobele et en présence de personnalités telles que Nelson Mandela, Desmond Tutu et plus de 400 invités. L'idée de cette cérémonie est née en 2001 à la Foire internationale du livre du Zimbabwe, sous l'impulsion de l'universitaire kenyan de réputation internationale Ali Mazrui (directeur de l'Institute of Global Cultural Studies, Université de l'État de New York à Binghamton), qui avait lancé un concours visant à élire les 100 meilleurs livres africains du XXe siècle, rapporte le site grioo.com. Ainsi, il est précisé que le déclic est venu avec le constat qu'au cours des cent dernières années les écrivains africains ont écrit sur différents thèmes, sous des formes et des styles divers, en différentes langues (anglais, français, portugais, arabe, swahili et autres langues africaines), qu'ils avaient été largement publiés sur le continent africain, en Europe, aux Amériques et en Asie, mais que leur travail en tant qu'ensemble originaire d'un même continent demeure largement inconnu et peu célébré. Plus de 1 500 livres proposés par des spécialistes et des institutions du monde entier étaient dans le panel de départ. Le jury, composé de 15 spécialistes de la littérature africaine originaires de 13 pays d'Afrique et d'autres continents, était présidé par Njabule Ndebele, vice-doyen de l'Université du Cap, enseignant et écrivain. Après diverses réunions et délibérations, 100 livres écrits dans 12 langues africaines, en plus du français, de l'anglais et du portugais, de l'arabe et de l'afrikaans ont été choisis sur la liste finale divulguée en février 2002 à Accra, au Ghana. Les titres sélectionnés devaient avoir été publiés au XXe siècle, qu'ils soient disponibles ou non en librairie, et leur auteur devait être né en Afrique ou devenu citoyen d'un pays africain. A partir de la liste des 100 livres, le jury a ensuite procédé à l'élection des 12 meilleurs livres africains. La première place a été décernée à l'auteur sénégalais Chinua Achebe pour son roman, Things fall apart (Le monde s'effondre, 1958). Traduit en plus de 50 langues, ce roman, qui décrit l'impact de la colonisation britannique sur un village ibo au Nigeria, est peut-être le livre africain ayant été le plus lu dans le monde. Il est devenu un classique de la littérature et de l'étude du «choc des cultures». Sur cette liste, l'Algérie est présente à la 7ème place avec l'Amour, la Fantasia, d'Assia Djebar, l'écrivaine algérienne contemporaine, qui a reçu de nombreux prix et récompenses internationaux. L'Amour, la Fantasia est un récit historique et autobiographique qui raconte la conquête et la guerre d'indépendance en Algérie du point de vue d'une femme. On retrouve également deux chefs-d'œuvre de la littérature algérienne : Nedjma de Kateb Yacine et la trilogie la Grande Maison, l'Incendie, le Métier à tisser de Mohamed Dib. Parmi les livres sélectionnés dans les 100 livres africains du siècle figurent des classiques de la littérature africaine à l'exemple de l'Enfant noir de Camara Laye, les Contes d'Amadou Koumba de Birago Diop et l'Aventure ambiguë de Cheikh Amidou Kane. Dans les œuvres non romanesques, on retrouve également des classiques africains comme l'Invention de l'Afrique de Valentin Mudimbe ou encore Portrait du colonisé suivi du Portrait du colonisateur d'Albert Memmi. Le jury avait également décerné une mention spéciale à l'Histoire générale de l'Afrique éditée par l'Unesco. S. A.