Histoire Il fut un temps ou le soutien et l?admiration du peuple n?ont jamais faibli même s?il a été empêché d?en faire la démonstration bruyante dans la rue. Lorsqu?en 1990 les forces de Saddam Hussein devaient faire face à la première guerre Tempête du désert, les Algériens les ont soutenues de toutes leurs forces et les ont suivies avec leurs prières demandant à Dieu de protéger celui qui, enfin, allait relever le défi, tenir tête aux arrogants Américains et surtout à leurs protégés les Israéliens. Comme un baume au c?ur meurtri par des défaites successives que les jeunes ont apprises par leurs aînés, car ne les ayant pas vécues, les assauts audacieux de Saddam étaient perçus comme une consolation, un espoir de redresser enfin la tête et ne plus traîner ce complexe d?infériorité. Pour les Algériens, la guerre était dirigée contre les Américains d?abord et les Israéliens ensuite. Et si le régime koweïtien en payait les frais, ce n?était peut-être que justice, les monarchies du Golfe étant considérées par l?opinion publique comme des agents des Etats-Unis ?uvrant contre les intérêts des Arabes et des Palestiniens en particulier. Vivant au rythme des attaques lancées à partir de Bagdad, les yeux rivés sur les écrans de télévision, femmes, hommes et enfants ont fait la guerre chacun à sa manière et tous derrière le «Leader». La défaite de ce dernier ne fera pas baisser d?un iota sa cote de popularité. Même si les espoirs les plus délirants ont été nourris quant à une possible victoire, le fait qu?il ait tenu tête aux alliés a suffi aux Algériens pour aduler davantage cet homme et beaucoup de nouveau-nés se sont vu affubler du nom désormais symbolique de Saddam à travers toute l?Algérie. Dans cette fièvre exacerbant le sentiment nationaliste, la coupure a été flagrante entre les Algériens et leur gouvernement. Ce dernier a observé une position de neutralité qui a irrité les citoyens déjà frustrés de ne pas pouvoir porter leurs émotions dans la rue. Tout au long des années d?embargo sur l?Irak, l?image est restée intacte de l?homme, le héros indomptable qui a refusé de marchander ou d?abdiquer. Toutes les informations circulant sur la terreur qu?il semait, les exactions auxquelles il soumettait ses compatriotes qu?ils soient sunnites, chiites ou kurdes, étaient balayées d?une pichenette. «Ce sont des campagnes d?intoxication et de dénigrement orchestrées par les médias occidentaux». Cela faisait davantage grimper la cote de Saddam. La guerre livrée ces derniers mois par Bush fils à l?Irak, a été un autre épisode dans cette histoire passionnée. De nouveau, les Algériens se sont tous mis derrière l?homme fort de Bagdad attendant un miracle qui ne venait pas, mais qu?ils continuaient à espérer quand même et ce jusqu?à l?ultime seconde alors que les marines étaient déjà dans Bagdad. «Il va sortir sa garde. Ce n?est pas fini. Il leur réserve une belle surprise.» Rien de tout cela n?a eu lieu. La déception était profonde. L?espoir reprend quand même avec les rumeurs présentant le président déchu comme celui qui planifie et orchestre les opérations de la guérilla irakienne. Le coup de grâce a cependant été inévitable avec les images de Saddam dans une tenue d?homme de cavernes humilié et livré au bon vouloir des Américains.