Demande n Le général David Petraeus, le plus haut gradé américain en Irak, a recommandé, hier, à Washington, un gel d'au moins un mois et demi, à partir de juillet, du retrait des troupes américaines d'Irak. Le général a motivé sa demande par les progrès, sur le front, qui sont «fragiles et réversibles». «Je recommande que nous poursuivions le retrait des brigades de combat envoyées en renfort comme prévu et qu'au terme du retrait (...) en juillet, nous entamions une période de 45 jours d'évaluation et de consolidation», a-t-il dit au Congrès américain. Puis «nous commencerons un examen des conditions sur le terrain, afin de déterminer à quel moment nous pouvons recommander de nouvelles réductions» du contingent, a-t-il ajouté. Le plus haut gradé de l'armée US en Irak ne s'est pas engagé sur un calendrier précis, alors que les combats se poursuivaient, hier, entre forces de coalition et miliciens chiites à Bagdad. Le président de la commission des Forces armées du Sénat, le démocrate Carl Levin, a dénoncé «une pause à durée indéterminée», tandis que le général refusait de prédire combien il resterait de soldats américains en Irak fin 2008, à l'issue du mandat du président George W. Bush. Le contingent américain en Irak est de 158 000 hommes actuellement et devrait tomber à 140 000 soldats d'ici à juillet. «C'est intenable pour nos forces armées et inacceptable pour le peuple américain», a déploré le démocrate Joseph Biden, président de la commission des affaires étrangères où se tenait une deuxième audition l'après-midi. Le conflit, qui vient d'entrer dans sa sixième année, a fait plus de 4 000 morts côté américain. L'ambassadeur américain à Bagdad, Ryan Crocker, également invité à témoigner, a assuré que l'accord en cours de négociation entre Washington et Bagdad sur le maintien des troupes américaines en Irak au-delà du 31 décembre ne «liera (it) pas les mains de la prochaine administration». Les trois présidentiables américains ont puisé et rodé, hier, des arguments de campagne électorale lors des auditions au Sénat des plus hauts responsables en Irak. Le démocrate Barack Obama a suggéré de fixer des critères de succès modestes à l'engagement américain, qui pourraient permettre d'envisager un retrait à court terme. «Le problème, c'est que la définition est trop (ambitieuse)», a dit M. Obama, mais «si on prend pour critère un statu quo confus, bâclé, où il n'y a pas d'énormes flambées de violence, où il y a encore de la corruption, mais le pays se débrouille, ne menace pas ses voisins et n'est pas une base d'Al-Qaîda, ça me semble un but raisonnable qu'on peut atteindre dans un délai mesurable», a dit M. Obama, qui promet de retirer les troupes de combat en 16 mois s'il est élu. Le républicain John McCain, lui, a condamné une nouvelle fois les projets de retrait de M. Obama et de sa rivale, Hillary Clinton. «Promettre de retirer nos forces, sans considération des conséquences, serait un échec de leadership moral et politique», a accusé le sénateur de l'Arizona. Hillary Clinton a riposté à M. McCain : «Il serait irresponsable de poursuivre une politique qui n'a pas apporté les résultats qui avaient été promis encore et encore.»