Suggestions n Les plus hauts responsables américains en Irak devraient suggérer, la semaine prochaine, de faire une pause dans le retrait des troupes américaines de ce pays en proie à une nouvelle flambée de violence. Le commandant des troupes américaines en Irak, le général David Petraeus, et l'ambassadeur à Bagdad, Ryan Crocker, doivent présenter, mardi et mercredi, devant le Congrès, une évaluation très attendue de la situation en Irak. Très attendue parce que c'était après une évaluation similaire de MM. Petraeus et Crocker, en septembre 2007, que M. Bush avait annoncé le retrait de cinq brigades d'ici à juillet 2008, date à laquelle les effectifs de l'armée américaine en Irak seront d'environ 130 000 hommes et femmes (contre 156 000 actuellement). Avec le soutien du secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, le général compte recommander une «pause» dans la réduction du contingent américain à partir de l'été. Le regain de violence ces dernières semaines en Irak plaide en sa faveur, en révélant la fragilité des progrès vantés par le Pentagone sur le front de la sécurité depuis l'automne. Washington ne cessait, en fait, de mettre en avant le «succès» de sa stratégie pour stabiliser l'Irak, grâce à l'envoi de près de 30 000 soldats en renfort début 2007, la mobilisation d'anciens insurgés sunnites pour lutter contre Al-Qaîda et une trêve de la principale milice chiite du pays. Mais ce cessez-le-feu a volé en éclats fin mars à Bassorah, où forces de sécurité irakiennes et miliciens chiites de l'Armée du Mahdi se sont violemment affrontés pendant une semaine. Cette confrontation sanglante a soulevé des interrogations sur la capacité des forces irakiennes d'assurer la sécurité du pays, une condition posée par l'administration Bush pour un retrait d'Irak. Tout compte fait, les auditions de ces deux responsables offrent aux candidats à la présidentielle américaine l'occasion de prendre date sur ce dossier majeur de la campagne, avec des démocrates décidés à retirer des troupes et curieux de la définition du «succès» recherché par l'administration Bush. Sur le front, les principaux responsables politiques irakiens ont appelé, ce matin, au démantèlement de toutes les milices, en faisant un préalable pour participer au processus politique et aux futures élections. Le Conseil politique de sécurité nationale, qui rassemble le président Jalal Talabani, le Premier ministre Nouri Al-Maliki et les chefs de tous les partis politiques représentés au Parlement, s'est réuni, hier, samedi, indique un communiqué de la présidence. Les participants ont appelé «toutes les factions politiques à démanteler immédiatement leur milice, à remettre leurs armes au gouvernement et à retourner à des activités civiles pacifiques». Au moins cinq tués à Sadr City l Au moins cinq personnes ont été tuées à Bagdad dans la banlieue chiite de Sadr City, où des combats opposaient, ce matin, des miliciens aux troupes américaines. Les affrontements ont débuté dans la nuit et se poursuivaient dans la matinée d'aujourd'hui. Bastion de l'armée du Mahdi, la milice du chef radical chiite Moqtada Sadr, l'immense quartier de Sadr City avait été du 25 au 30 mars le théâtre de violents combats entre miliciens sadristes et forces gouvernementales irakiennes, soutenues par l'armée américaine.