Dans un discours hier à Washington, M. Bush devait annoncer que les Etats-Unis vont faire rentrer environ 3500 soldats d'unités de soutien au cours des mois à venir, un bataillon de Marines d'ici à novembre et une brigade de l'armée de terre en février. « Cela correspond à environ 8000 soldats supplémentaires qui vont rentrer sans être remplacés. Et si les progrès en Irak tiennent, le général Petraeus (commandant de la force multinationale) et nos dirigeants militaires croient que de nouvelles réductions seront possibles au cours de la première moitié de 2009 », dira-t-il dans ce discours à la National Defense University, grande institution d'enseignement militaire. Il y a actuellement environ 145 000 soldats américains en Irak. Ces retours iront de pair avec l'envoi de renforts en Afghanistan. « En novembre, un bataillon de Marines qui devait se déployer en Irak se déploiera en Afghanistan. Il sera suivi en janvier par une brigade de combat de l'armée de terre », dira M. Bush. Cela correspond à environ 4500 hommes. M. Bush a ainsi décidé, comme c'était attendu, de suivre les recommandations de ses conseillers militaires et civils, à commencer par le général David Petraeus. Il choisit en pleine campagne présidentielle de léguer à celui qui lui succédera en janvier 2009 une présence militaire a priori plus forte qu'elle ne l'était deux ans plus tôt. Deux Américains sur trois sont pourtant opposés à la guerre, selon les sondages, et à peu près autant sont favorables à un calendrier de retrait. L'Irak est l'une des questions qui divisent le plus profondément le candidat républicain John McCain et son rival démocrate Barack Obama. La prudence des recommandations faites à M. Bush aurait été inspirée au général Petraeus et aux autres responsables par la fragilité de l'amélioration constatée en Irak et par des incertitudes trop nombreuses : tenue d'élections provinciales dans les prochains mois, comportement des anciens insurgés ralliés au combat contre Al-Qaîda, jusqu'au remplacement prévu du général Petraeus le 16 septembre. Selon la presse, le général Petraeus préconisait même de laisser sur place jusqu'en juin 2009 les 15 brigades actuellement déployées. Avant de soumettre leur avis à M. Bush, les responsables militaires et civils auraient passé un compromis pour signaler la poursuite du désengagement d'Irak, mais aussi apporter un début de réponse à tous ceux qui réclament des renforts face à la détérioration sur le front afghan. M. Bush devait relever mardi que la violence en Irak est à son plus bas depuis le printemps 2004. « Si les progrès en Irak sont toujours fragiles et réversibles, le général Petraeus et l'ambassadeur (des Etats-Unis en Irak, Ryan Crocker) rapportent que les gains que nous avons enregistrés ont atteint un degré de durabilité », devait-il dire. En revanche, « d'immenses défis demeurent en Afghanistan ». Il y a environ 31 000 soldats américains en Afghanistan et autant d'autres pays, selon M. Bush. Si le choix de M. Bush pour l'Irak engage son successeur, il laisse en suspens la question de l'engagement américain à long terme en Irak, qui fait l'objet de négociations entre Washington et Baghdad. Un accord que l'administration Bush espérait avant fin juillet se fait toujours attendre. Les responsables irakiens, de plus en plus jaloux de souveraineté, ont affirmé qu'un accord avait été conclu selon lequel il n'y aurait plus aucun soldat étranger en Irak après 2011.