Evénement n L'espace Mohamed-Bencheneb vient faire découvrir et connaître, entre autres, les richesses intellectuelles de cette personnalité de la culture algérienne. «L'espace Mohamed-Bencheneb est voué à la recherche ainsi qu'à la création», a déclaré Amin Zaoui, directeur de la Bibliothèque nationale, hier mercredi, lors de l'inauguration de ce nouvel espace, ajoutant : «Cet espace de la réflexion et de la production de la pensée intellectuelle est dédié aux étudiants, aux universitaires et aux chercheurs. Il facilitera le travail de recherche.» Et d'expliquer : «Il regroupe des œuvres écrites depuis 1962 jusqu'à nos jours, aussi bien en Algérie que sur l'Algérie, par des Algériens comme par des auteurs et intellectuels étrangers, et dans les différents domaines des sciences humaines.» Ainsi, ce nouvel espace qui s'étend sur une surface évaluée à 6 000 m2 comprend des écrits de littérature, de sociologie, de philosophie, d'histoire… Il comprend également des productions relatives à l'art et d'autres en rapport avec le patrimoine. Près d'une trentaine de titres constituent ce fonds. D'autres ouvrages s'y ajouteront régulièrement pour l'enrichir. Il se révèle alors une banque inépuisable de données pour les chercheurs et universitaires. Ce même espace est, par ailleurs, équipé d'une salle de travail d'une capacité de 250 places et dispose de l'équipement nécessaire à la recherche et à la production intellectuelle. Force est de relever que le fonds de la Bibliothèque nationale totalise plus de deux millions de documents, sans compter les fonds des annexes de la Bibliothèque nationale, implantées à Béjaïa, Tiaret, Adrar, Annaba, Constantine, Tlemcen et Alger-Centre, au Bd Frantz-Fanon. S'exprimant sur le choix de baptiser ce nouvel espace du nom de Mohamed Bencheneb, Amin Zaoui a indiqué que Mohamed Bencheneb était un homme de culture d'une trempe rare et un intellectuel d'une grande envergure. «C'est aussi un hommage à cet homme de lettres et de la pensée que nous rendons en baptisant cet espace de son nom», a-t-il dit. Baptiser cet espace du nom de Mohamed Bencheneb, c'est le faire sortir de l'oubli et faire, en conséquence, revivre sa mémoire victime d'une longue amnésie. Car, faut-il le dire, Mohamed Bencheneb, qui a tant donné à la culture algérienne, n'a bénéficié de son vivant d'aucune distinction ou d'une quelconque reconnaissance – mis à part la rue Bencheneb en Basse-Casbah qui perpétue son nom. Mais Mohamed Bencheneb n'a pas besoin de tout cela, parce que ses œuvres constituent et demeurent un précieux et indéniable témoignage de ce qu'il était et de ce qu'il avait fait. Il a laissé un héritage culturel et notamment intellectuel d'une rare valeur. Plus tard, Amin Zaoui a ajouté que ce qui fait de Mohamed Bencheneb un personnage de cette qualité, c'est qu'il était un érudit, un parfait plurilingue. Enfin Amin Zaoui a souligné que « cet espace permettra des échanges entre la Bibliothèque nationale et les bibliothèques du monde entier, ainsi que les centres de recherche.» Le directeur de la Bibliothèque nationale a également annoncé qu'un prix annuel sera attribué aux manuscrits d'auteurs algériens ou étrangers ayant écrit sur l'Algérie ou sur la personnalité du savant Bencheneb. Qui est Mohamed Bencheneb ? l Né en 1869 à Médéa, le professeur Bencheneb a fait partie des premières générations d'intellectuels bilingues après avoir fait l'école coranique, puis le collège et l'Ecole normale de Bouzaréah. Maîtrisant plusieurs langues, il se fera connaître par ses nombreuses publications et ses travaux de recherche dans les domaines de la littérature et de la poésie arabes, des sciences de la religion musulmane, de la pédagogie et bien d'autres disciplines relatives aux sciences humaines. Parvenant à s'imposer comme un intellectuel avéré et en s'illustrant comme plurilingue, Mohamed Bencheneb a contribué à de nombreux travaux et a fait partie du bureau de la Revue africaine jusqu'à sa mort : il a participé à la manifestation du patrimoine humain produit par le monde arabo-musulman ou par les penseurs persans de l'Islam. Outre sa culture musulmane, il était ouvert sur d'autres langues de l'Islam comme le turc et le persan et sur les langues occidentales. Mohammed Bencheneb, qui avait passé toute sa vie à militer, et ce, à sa manière, en faisant des recherches et en multipliant les productions, pour la culture dans ses différents aspects, est décédé le 5 février 1929. Mais il a laissé derrière lui un héritage qui comprend un ouvrage de trois mille proverbes de tous les temps.