Agir Les pouvoirs publics doivent impérativement dépasser le stade des constats et des bilans larmoyants. Combien faudra-t-il encore de morts, gisant dans une mare de sang, les os fracassés, ou de familles se trouvant nez à nez avec la désolation, l?âme déchirée en apprenant la disparition tragique de l?un des leurs, pour que les pouvoirs publics daignent finalement passer du stade des simples bilans transmis chaque jour aux rédactions à une politique carrément répressive à l?encontre des «tueurs de routes». «Cette fois, on va frapper avec la force de la loi !» martelait le 20 octobre dernier, M. Touati, directeur du transport urbain au ministère des Transports, lors d?une conférence de presse. L?annonce est apparue réconfortante, mais pour que tout baigne dans l?huile, les Algériens veulent du concret. Joindre l?acte à la parole. Ne faut-il pas «criminaliser» désormais l?acte de conduire en état d?ébriété ou à vive allure, l?acte de faucher de paisibles écoliers ou des travailleurs qui, tôt le matin, prient pour ne pas tomber dans le traquenard. Et enfin que faire de concret pour épargner des vies humaines de la folie meurtrière de nos routes. Les chiffres rendus publics périodiquement dénotent l?ampleur des dégâts, mais surtout l?insoutenable légèreté du traitement de la catastrophe. Si 96% des contraventions n?ont pas été acquittées par les conducteurs incriminés, le Code de la route risque de ne jamais être respecté. Si des séminaires et autres colloques se résument uniquement à dresser des bilans larmoyants et à établir des tonnes de recommandations qu?on ne prendra que très rarement en considération, les chauffards, pour la plupart des jeunes obnubilés par la mode de conduire vite, continueront à être là, en train de nous guetter à la moindre occasion et de mettre, une fois le forfait commis, tout sur le dos du destin. Le département de Sellal entend, il vrai, soumettre prochainement un projet de loi au gouvernement. Le but serait de durcir la répression contre les auteurs d?infractions au Code de la route et d?atténuer un tant soit peu les affres de l?hécatombe qui coûte annuellement à l?Algérie plus de 4 500 victimes et quelque 35 milliards de dinars. En matière de marketing communicationnel, des campagnes de sensibilisation sont périodiquement établies, mais leur impact semble moindre tant les statistiques des morts et blessés n?ont jamais été revues à la baisse. L?accident de ce matin et son lot de victimes auraient pu être évités si une loi répressive, apte à dissuader même les téméraires, avait été amendée. En attendant, mettons tout sur le dos du ?destin