Conte n Voici un autre récit — raconté cette fois-ci, sous forme de fable — pour montrer que la bonne foi (la nniya), triomphe toujours de la ruse (lh'illa). On raconte qu'un chacal, devenu vieux, ne parvenait plus à chasser. Dès qu'il tentait de lever du gibier, celui-ci le fuyait. Un jour, en se promenant dans la forêt à la recherche d'une proie, il aperçoit un arbre : un arbre qui a la forme d'un homme. Il le regarde et s'écrie. — Il ne lui manque que la bouche ! Et il crie : — Parle arbre. Aussitôt, une branche s'est détachée de l'arbre et l'a frappé à la tête. Il s'écroule et met un moment à retrouver ses esprits. Il s'éloigne et crie de nouveau. — Arbre ! parle ! Une autre branche se détache, mais ne l'atteint pas. Le chacal rit dans sa barbe : il a trouvé le moyen de se procurer du gibier. Il retourne dans la forêt. Il vient d'apercevoir une biche. Celle-ci veut fuir, mais le chacal l'arrête. — Je ne veux pas te faire de mal ! D'ailleurs je ne peux pas te poursuivre, mes vieilles jambes ne m'obéissent plus ! La biche se moque de lui. — Alors, que veux-tu chacal ? — Je veux te montrer une chose extraordinaire ! — Une chose extraordinaire ? — Oui, un arbre qui parle ! — Je ne te crois pas ! — Viens avec moi, je te le montrerai ! — Je t'accompagne, mais tu restes à distance ! — D'accord ! La biche le suit. Arrivée devant l'arbre, elle est surprise par sa forme. — Mets-toi en face de lui et crie : un arbre qui parle ! La biche obéit. Aussitôt une branche tombe et l'assomme. Le chacal se précipite et la dévore. Il se lèche les babines et, les jours suivants, il refait le coup à plusieurs bêtes : aussitôt assommées, il se jette dessus et les dévore. Un jour, il veut piéger un grand cerf. Celui-ci n'a pas peur de lui et ne fuit pas en le voyant : le chacal est incapable de l'attaquer. — Un arbre qui parle ? Cela ne s'est jamais vu ! — Je viens de le découvrir, dit le chacal. Viens je vais te le monter ! — Si tu te moques de moi, je t'écraserai ! — Je n'oserai pas, dit le chacal Il l'emmène dans la forêt. — Regarde-le bien, dit le chacal et crie : un arbre qui parle ! Mais le cerf est dur d'oreille et ne comprend pas ce que le chacal lui dit ; — Que veux-tu que je dise, Le chacal s'approche du cerf et crie la phrase fatidique : aussitôt une branche se détache et le tue. (à suivre...)