Résumé de la 28e partie n Les rusés ont l'impression de tromper les personnes de bonne foi, auxquelles ils tendent, continuellement, des pièges. La bonne intention triomphe toujours de la ruse ! De nombreux récits illustrent cette morale, répandue dans toute l'Algérie. On raconte qu'un homme qu'on appelle al-h'illi, (le malin) habitait non loin d'un autre homme appelé al-niyya, (la bonne intention). Le malin tentait à chaque fois d'escroquer la bonne intention, qui tombait dans ses pièges. Un jour, il est allé lui proposer un marché. — Nous avons des champs mitoyens… mettons-les en commun, labourons-les, semons-les et nous en partagerons la récolte. — D'accord, dit la bonne intention — Je te propose un autre marché : tout ce qui poussera à l'air libre m'appartiendra et tout ce qui sera sous le sol te reviendra ! — C'est un marché honnête ! Je te laisse le choix de ce qu'il faudra planter. — Alors nous planterons du blé ! Ils se mettent à l'œuvre et la terre est bientôt labourée et ensemencée. La récolte finit par jaillir en belles gerbes blondes qui penchent légèrement la tête. — Comme c'est beau, dit La bonne intention, nos familles n'auront pas faim, cette année ! — N'oublie pas notre marché, dit son compagnon. Au moment de la récolte, il s'empare des gerbes de blé et laisse le son à son compagnon. — Mais je ne saurais qu'en faire ! — Nous nous étions mis d'accord, rappelle-toi ! Ce qui pousse à l'air libre m'appartient, ce qui pousse sous terre t'appartient ! La bonne intention réfléchit. — C'est vrai, ce sont-là les termes de notre contrat ! — Alors, tu admets que je ne t'ai pas trompé ! — Non, non… — Tu dois accepter ce qui te revient ! Le malin emporte ses gerbes, tandis que la bonne intention récupère le son. Lui, qui a si bien travaillé, n'aura, pour pitance, qu'un affreux brouet de son. Il raconte l'histoire à sa famille. — Cet homme t'a escroqué ! — Non, non, son marché était honnête ! — Alors c'est toi qui as été bête de l'accepter… L'homme soupire. — J'ai agi de bonne foi ! — Il faut être malin avec les malins ! — La prochaine fois, ne te fais pas avoir ! — Et s'il me propose encore une association cette année ? — Alors, propose-lui de prendre ce qui est en terre et toi prends ce qui est au-dessus de la terre ! — Ce ne sera que justice, dit l'homme. Il a tout pris, la première fois, la prochaine fois, c'est moi qui prendrai le tout. Et nous serons quitte ! (à suivre...)