Sécheresse n Deux mois durant (janvier et février), pratiquement aucune goutte de pluie n'est tombée sur les vastes superficies agricoles de notre pays. Le climat était quasi-printanier et, à la faveur de la chaleur élevée et de la lumière, plusieurs arbres fruitiers ont laissé pousser leurs bourgeons. C'est le cas des orangeraies (oranges précoces), des poiriers et des pêchers. Une virée, par un jour de mars, à haouch Gros (situé à Boufarik), permet d'affirmer que le printemps s'est installé bien avant l'heure. Sous l'effet des rayons du soleil, les plantes ont une couleur jaune alors que, d'habitude, en pareille période de l'année, elles sont vertes. Le bruit des moteurs des sondes est, de loin, perceptible. La nappe est mise à rude épreuve. Mais, qu'importe. On n'a guère le choix car il faut tout faire pour ne pas compromettre la récolte. «Lorsqu'on sait que certains ont investi des centaines de millions de centimes, eh bien, on mesure parfaitement leur acharnement et leur détermination à tout faire pour que les efforts consentis pendant la campagne labours-semailles ne soient pas vains», nous dira un vieil agriculteur de la région de Bouinan. Evidemment, cette situation n'a pas été sans susciter des craintes et des appréhensions chez un certain nombre d'agriculteurs, lesquels redoutent que leurs récoltes soient compromises. «Le fait qu'il n'ait pas plu durant près de deux mois, fait planer le doute chez nous. On se rabat certes sur l'irrigation, notamment celle de type «goutte-à-goutte». Mais, je vous le dis franchement, rien ne peut remplacer les eaux pluviales», lancera un agriculteur de la région de Oued El-Alleug, à 10 km au nord de Blida. Pour notre interlocuteur, la caractéristique principale des eaux de pluie est que ces dernières pénètrent lentement (prenant le temps qu'il faut) jusqu'aux tiges des plantes. Ce point, éclairci le vieil agriculteur, mettra en évidence le fait que l'irrigation par les moyens modernes implique une utilisation accrue de l'énergie électrique ainsi qu'un certain type de fertilisants, «c'est-à-dire des charges en plus pour nous», tiendra-t-il à ajouter. Mais à peine 4 jours du mois de mars se sont-ils écoulés, qu'un chamboulement s'est produit dans les conditions météorologiques. En effet, la métamorphose a été si radicale que l'on est passé, en l'espace de deux jours, de 27 degrés à… 6 degrés ! Un froid quasi sibérien souffle sur Blida, ainsi que sur les régions formant la Basse-Mitidja (Boufarik, Oued El-Alleug et Mouzaïa). La montagne de Chréa, toute recouverte de neige, atteste clairement que même si sa venue est un peu tardive, l'hiver est bien là. Devant les caprices de la nature, au demeurant annoncés par un bulletin spécial de la météo (BMS) quelques jours auparavant, une appréhension s'est emparée des agriculteurs, lesquels ont redouté que cet état de fait porte préjudice à leurs récoltes. «Avant l'arrivée de cette grosse perturbation atmosphérique, la sécheresse d'alors a rendu inéluctable le recours aux puits et aux forages pour l'irrigation des champs. Une fois que les plantes semblaient rassasiées en eau, les pluies sont arrivées. Il y a lieu de vous dire qu'un plant trop irrigué peut être affecté. C'est comme un être humain pour qui l'overdose peut s'avérer préjudiciable. Cela dit, et avec le froid glacial sévissant, nous redoutons aussi les gelées matinales lesquelles peuvent s'avérer néfastes pour les récoltes.» Pour Brahim El-Ouzri, président de la chambre d'agriculture de la wilaya, il y a, en effet, un risque que les dernières intempéries affectent les récoltes. «Avant de se prononcer sur quoi que ce soit, il faut toujours avoir comme point de départ les situations qui ont prévalu, les dernières années, au lendemain de fortes précipitations. Le risque existe. Toutefois, on ne peut anticiper et il faudra attendre les rapports qui nous seront envoyés ultérieurement pour avoir une idée beaucoup plus précise sur la question», nous dira-t-il. Ainsi donc, la Mitidja aura vécu une fin d'hiver très particulière où les saisons sont complètement chamboulées. Il reste à savoir si ce bouleversement n'aura pas un effet négatif sur la productivité d'une région qui, de l'avis de tous, n'a rien à voir avec celle d'antan.