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Boufarik : ville des Oranges dites-vous ?
Publié dans Info Soir le 28 - 04 - 2008

Anachronisme n D'immenses étendues agricoles qui, dans un passé relativement récent, étaient consacrées aux cultures agrumicoles, sont, aujourd'hui, englouties par le béton.
En quittant la capitale du côté ouest et en prenant l'autoroute de Blida, on constate, qu'au fur et à mesure, le paysage change. L'air irrespirable de la capitale laisse place à un air frais venant des montagnes de Chréa. A peine à la sortie de Baba Ali, les grandes étendues de verdure sont omniprésentes.
C'est le signe annonçant que l'on est bel et bien entré dans la Mitidja. D'une longueur d'une centaine de kilomètres, (jusqu'aux environs de Hadjout dans la wilaya de Tipasa), et d'une largeur d'une quinzaine de kilomètres, la Mitidja est considérée par les spécialistes comme étant la plus riche et la plus fertile des plaines de toute l'Algérie. Dans ce registre, ce n'est guère un hasard si les colons français, à peine avaient-ils «jeté l'ancre» dans notre pays aux premiers jours de leur invasion, qu'ils ont fait main basse sur cette riche plaine. Entre Baba Ali et Birtouta, les arbres fruitiers sont légion.
De loin, il est loisible d'observer de gigantesques installations servant à l'irrigation selon le procédé du goutte-à-goutte. Au-delà de Birtouta, et sur une distance de 11 km, c'est-à-dire jusqu'à la ville de Boufarik, on voit exclusivement et à perte de vue, des orangeraies, la culture propre à la région de Boufarik et qui lui a d'ailleurs valu l'appellation de ville des oranges. Toutefois, et à en croire certaines vieilles personnes natives de la région, Boufarik ne serait que l'ombre d'elle-même. «Jadis, la plupart des terres agricoles étaient consacrées aux cultures agrumicoles. La récolte était bonne aussi bien sur le plan quantitatif que qualitatif. Pendant la période hivernale, il pleuvait à torrents. On n'avait guère de problème d'irrigation comme c'est le cas aujourd'hui.
De nos jours, les données ont changé, dans le sens négatif s'entend et, dans ces conditions, il était on ne peut plus logique que cela se répercute sur le terrain», nous dira un vieil agriculteur de la région de Boufarik. Pour notre interlocuteur septuagénaire, les causes de cette métamorphose sont aussi diverses que complexes.
«Déjà, lors de la période antérieure à l'avènement de la violence, il était possible de noter le faible engouement des jeunes pour le métier d'agriculteur.Ces derniers, dans leur écrasante majorité, préfèrent faire du commerce ou s'adonner à des activités moins contraignantes sur le plan physique. Une fois que le pays a basculé dans le terrorisme, d'immenses superficies agricoles, parmi les plus fertiles de la Mitidja, ont été délaissées par leurs propriétaires, à la faveur de la psychose et du climat d'insécurité qui régnait alors.
Cela a bien évidemment porté un sérieux coup à la production, ainsi qu'aux prix qui, depuis lors, connaissent une envolée spectaculaire», nous dira notre interlocuteur. Ce dernier n'omettra pas d'ajouter que la crise de logement a eu ses effets sur le secteur de l'agriculture dans la mesure où des terres agricoles ont été «sacrifiées» dans le but de construire des logements à la population. Pour un autre agriculteur faisant partie d'un Etablissement agricole collectif (EAC), le déclin de la production n'est pas dû à la vieillesse des plantations, comme rapporté çà et là, mais à l'absence d'entretien de ces dernières. En outre, l'épineux problème des engrais a exacerbé les choses. «Lorsqu'on sait qu'une tonne d'engrais coûte 5 000 DA le quintal, on ne peut qu'excuser les agriculteurs qui ne respectent pas les doses nécessaires à une bonne fertilisation du sol et à une bonne maturation des oranges», nous dira-t-il.
Et comme un malheur n'arrive jamais seul, les opérations terroristes perpétrées çà et là, ont incité les services de sécurité à avoir un œil sur les stocks où sont entreposés ces engrais afin d'empêcher que ces derniers ne soient utilisés à des fins autres que celles auxquelles ils sont destinés.
Cette situation a engendré une rareté et une hausse du prix des engrais. Selon des informations recueillies, quelque cent tonnes d'engrais sont utilisées par les agriculteurs. La moitié de ce chiffre serait commercialisée par des circuits informels échappant à tout contrôle.
Résumant la décadence de la Mitidja, un autre interlocuteur mettra en exergue le fait que pour trouver de l'eau, il faut parfois creuser à plus de 100 m de profondeur, une opération très coûteuse. Selon lui, il faudrait au moins 100 millions de centimes pour mener à bon port une telle opération de forage. Autant d'obstacles et de problèmes qui font que le retour à l'âge d'or de la Mitidja n'est pas pour demain.


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