Résumé de la 1re partie n Le pharmacien découvre une série de fioles contenant des liquides non déterminés, ce qui amène Bourrières à faire appel à un ami chimiste. Les deux amis se penchent sur le petit flacon : «En tout cas, ça ne date pas d'hier ! — Tiens, il y a même un petit morceau de parchemin qui ferme la fiole. Quelque chose est écrit dessus mais c'est à peine lisible.» Les deux amis nettoient le parchemin avec le maximum de précautions, et quand, à la lumière de la lampe à pétrole, ils peuvent en déchiffrer le texte, la stupéfaction les rend un bon moment silencieux : «Restes trouvés sous le bûcher de Jeanne d'Arc pucelle d'Orléans, le 30 mai 1431.» Il ne reste plus qu'à vider la fiole. «Pas de doute, ce sont des ossements. Celui-ci ressemble à un morceau de côte humaine. Et ces petits os... Ma foi, je ne vois de quelle partie du corps ils peuvent provenir. Et ces fragments de linge...» Une analyse plus précise indique qu'il s'agit d'un linge de chanvre, qui pourrait bien dater du XVe siècle. A part ça, la fiole contient deux petits morceaux de bois, dont l'un semble recouvert d'une matière résineuse. L'écriture qui figure sur le parchemin est, de toute évidence, du XVIIe ou du XVIIIe siècle. Le pharmacien est sans doute déçu par sa découverte, ou bien le nom de Jeanne d'Arc évoque-t-il peu de chose pour lui ? En tout cas, il abandonne le droguier et son contenu à son ami chimiste, pour le remercier de sa collaboration. Lequel chimiste, un dénommé Ernest Tourlet, décide, quelques années plus tard, sa carrière faite, de rentrer chez lui pour y vivre tranquillement «le reste de son âge». Il emporte dans ses mailles le droguier, et plus particulièrement la fiole aux reliques. Très logiquement, il décide que ces reliques ne peuvent trouver de meilleur asile que dans une église, et il les confie à sa paroisse, Saint-Maurice, à Chinon. Elles se trouvent actuellement au musée de Chinon, attendant qu'on leur rende enfin des dévotions bien méritées car, nulle part ailleurs, on ne possède d'authentiques reliques de la sainte. Depuis que ces restes mystérieux sont apparus au grand jour, les spécialistes se déchirent, et certains n'hésitent pas à proclamer que personne n'a pu recueillir le moindre fragment le jour du martyre de Jeanne, les Anglais disposant alors de moyens de nettoyage dont le secret s'est sans doute perdu. De toute manière, la datation des fragments de bois au carbone 14 nous donne une date de... environ 1800 avant Jésus-Christ ! Quant à l'aspect physique de notre héroïne nationale, on en est encore aux hypothèses et aux suppositions... «Belle et bien faite», selon un chevalier témoin à son procès. «Robuste et infatigable», selon ses compagnons de bataille. «L'air riant et l'œil facile aux larmes.» D'autres lui trouvent «bonne prestance et belle poitrine». Quand la vénération à la sainte s'étend, des siècles après son martyre, on éprouve le besoin de lui élever des statues. (à suivre...)