Les habitants de tous les villages visités ne cachent pas leur nostalgie quand ils évoquent la révolution agraire et leur sympathie pour son artisan, le défunt président Houari Boumediene. Son nom, ou plutôt son prénom, est évoqué dans toutes les discussions. «Cette route a été bitumée par El-Houari», «El-Houari a procédé au raccordement de notre village au réseau d'AEP»… L'homme est évoqué comme s'il s'agissait d'un membre de la communauté qu'il a servie avec loyauté avant de s'en aller pour ne plus revenir. C'est en effet le président Boumediene qui a initié le vaste projet de la réforme agraire et entrepris le chantier de construction de 1 000 villages socialistes. Une affection pour l'homme est perceptible dans la manière dont il est évoqué. «Oui, nous le considérons comme l'un des nôtres», atteste un septuagénaire. Cette reconnaissance ne tient pas seulement des commodités introduites par le projet de Boumediene. «Nous retenons surtout que le défunt président a traduit en actes concrets son slogan ‘'la terre à ceux qui la travaillent''. Malheureusement, son projet ne lui a pas survécu», ajoute-t-il. Si le vieux fellah parle en ces termes, c'est surtout à cause du bradage du foncier agricole auquel il assiste, impuissant, depuis plus de deux décennies…