Résumé de la 17e partie n L'année 1998 commence par un décès dans la clientèle du docteur Shipman : une veuve de 64 ans, décédée, selon le médecin, d'une déchirure du ventriculaire gauche. On meurt comme des mouches autour du docteur Shipman, mais lui continue à se comporter le plus normalement du monde. Personne ne s'interroge sur ces décès suspects et, le médecin, bon enfant, accuse, quand on lui parle de ses pertes, la fatalité. — Hélas, la mort fait partie de la vie… Un ou deux clients perdus, qu'est-ce que c'est devant les guerres, les épidémies et la famine qui fauchent des milliers de vies chaque jour ? On lui donne raison. On ignore que la fatalité que le docteur accuse n'est, en fait, que sa propre volonté. C'est lui qui décide qui, parmi ses patients, sont ceux qui doivent continuer à vivre et ceux qui doivent mourir ! Le 9 février, son choix vient de se fixer sur Pamela Marguerite Hillies, une veuve de 67 ans, qui vit seule. Elle ne l'a pas appelé mais la visite du docteur lui fait plaisir. — Docteur, quelle surprise… Je projetais de me rendre dans votre cabinet… — Eh bien, c'est moi qui viens vers vous ! Comment vous sentez-vous ? — J'ai des petites fatigues… — Vous vous dépensez trop… Il vous faut un petit remontant ! — Vous allez me prescrire quelque chose ? Des vitamines ? — Non, non, je préfère vous faire une injection… La dame acquiesce. Elle s'assoit docilement sur sa chaise, retrousse sa manche et tend son bras. — Vous pouvez y aller, docteur ! Il y va. Il laisse longtemps la seringue dans le bras, guettant dans le visage de la patiente les signes de la mort. Il se lève, range ses affaires et s'en va, en tirant la porte. Quand, un peu plus tard, on l'appelle pour constater le décès, il dira : «Je m'y attendais un peu. C'est un accident vasculaire cérébral. J'aurais dû la faire hospitaliser !» Mais c'est trop tard. Il sera également trop tard pour Maureen Alice Ward, cinquante-sept ans. Elle est alitée et souffre d'un cancer. — Vous avez mal ? demande le docteur — Oui… — Je peux vous soulager… Il tire sa trousse. — J'ai là un produit qui va vous aider à surmonter votre souffrance ! — Alors, injectez-le moi ! Le docteur la regarde. Est-ce de la pitié qu'il ressent ? Il se rappelle plutôt sa mère, morte justement d'un cancer, alors qu'il avait dix-sept ans. — Donnez-moi votre bras ! Il prend le bras et retrousse la manche. — Vous n'allez rien ressentir ! Il la pique et, comme à son habitude, injecte lentement le liquide, guettant les réactions de la patiente. — Tout va bien, maintenant, vous ne souffrirez plus ! Pour cette patiente, le médecin indiquera, comme cause du décès, une tumeur du cerveau. (à suivre...)