Crise n Le secrétaire général du syndicat (non agréé) et les animateurs du «mouvement de redressement» devaient être entendus, aujourd'hui, par la justice. L'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa) est entrée, depuis hier, en conflit interne ouvert avec comme toile de fond la «mauvaise gestion» et l'«abus d'autorité» dont les dirigeants s'accusent les uns les autres. Après trois ans de rivalité entre le camp du secrétaire général, Salah Souilah, et les animateurs d'un «mouvement de redressement» menés par Abdelali Ben Abid, les deux parties ont fait hier usage de la force. Chaque clan tente de prendre ou de conserver la direction du syndicat, non encore agréé (le dossier a été rejeté par le ministère du Travail à cause des statuts de l'organisation qui violent la loi). L'intransigeance des deux parties a débouché sur la solution extrême : la fermeture, depuis hier, à 19h, du siège du secrétariat national exécutif, situé place Emir-Abdelkader à Alger-Centre. Sur décision de la police, qui a eu à intervenir à deux reprises, le siège est désormais interdit aux syndicalistes. La police a décidé aussi de déférer, aujourd'hui, devant le procureur de la République, les principaux responsables en conflit. Le local demeurera fermé jusqu'à ce que la justice se prononce sur la question, à savoir à qui revient la direction du syndicat. Pour éviter toute intrusion dans les locaux, il a été décidé de placer deux gardiens : un gardien pour chaque partie ainsi que des policiers à l'entrée. Ces mesures ont été imposées par les services de sécurité en raison de la dégradation de la situation interne au syndicat. Une heure avant la fermeture du siège hier, les partisans du camp des redresseurs ont forcé une porte latérale donnant sur le bureau du premier responsable, où M. Souilah se trouvait depuis la matinée. L'arrivée de la police à la place Emir-Abdelkader a fait fuir la majorité des adhérents en colère, craignant d'être embarqués. Une demi-heure avant de passer à la casse, les mécontents s'étaient réunis en assemblée générale. Cette dernière s'était tenue dans une ambiance houleuse. Des cadres nationaux et locaux de l'organisation ont vivement critiqué les compagnons de M. Ben Abid qui avaient accepté de «négocier» avec M. Souilah, alors que, dans la matinée, ils avaient signé un retrait de confiance au SG. Rien ne semblait indiquer pourtant que les choses allaient dégénérer ainsi, hier. La commission de préparation du congrès extraordinaire de l'Ugcaa, installée le 10 mai dernier, a, pour rappel, convoqué pour hier les cadres de l'union à une conférence nationale. A midi, la conférence a décidé, selon le communiqué final, l'installation officielle de cette commission ainsi que la dissolution du secrétariat national exécutif. Après la lecture du communiqué, les conférenciers ont tenté de chasser par la force le SG qui n'a pas reconnu les conclusions de l'assemblée et a refusé de quitter son poste. Le bureau de ce dernier a été sécurisé par une dizaine de jeunes engagés par lui et dirigés par son propre fils. Ces derniers n'ont pas hésité à brandir des armes blanches à la face des adhérents mécontents. L'arrivée de la police à mis le holà à une situation qui aurait pu dangereusement déraper.