L'Organisation est en proie à un pourrissement qui ne sert en rien les intérêts des commerçants. A la guerre comme à la guerre. Désormais, à l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa), tous les coups sont permis, même les plus bas, pour peu qu'on obtienne un siège, un poste ou, dans une moindre mesure, une simple figuration dans les instances cruciales, s'il y en a d'abord, de l'organisation. Car les deux parties en conflit depuis le «très contesté» troisième congrès, tenu en septembre 2004 à Tipaza, n'entendent pas enterrer la hache de guerre de sitôt tant les enjeux mais aussi les dividendes restent grands. Hier encore, c'était au tour de l'aile dissidente, connue beaucoup plus sous l'appellation de Commission nationale du redressement de l'union, de faire sa démonstration de force lors d'une conférence de presse animée par son porte-parole - et vice-président - Benbrih Abdelkader, à Alger. Pour la consommation officielle, la rencontre devait avoir pour ordre du jour la mise en place de la Commission nationale des marchés de gros de fruits et légumes. L'intérêt de cette question est d'autant plus important, sachant l'ampleur des problèmes auxquels sont confrontés, quotidiennement, les commerçants dont, la propagation du marché informel, l'absence de contrôle dans les marchés, etc. Mais les motivations politiciennes ont pris le dessus. M.Benbrih en a profité pour descendre en flammes l'actuel SG de l'instance, l'accusant ouvertement de «graves» dépassements et d'avoir transgressé le règlement intérieur de l'instance lors du dernier congrès. «Le secrétaire général, issu du troisième congrès, a violé le règlement intérieur de l'union pour s'assurer le poste de chef de file», accuse le numéro deux des redresseurs qui, «faute» de légitimité», dit ne pas reconnaître l'actuelle direction et à sa tête Salah Souilah. La virulence des propos du conférencier vis-à-vis de son «ennemi» d'aujourd'hui et «ami» d'hier n'a pas été cependant sans conséquences. Les choses ont vite tourné au vinaigre et le siège s'est transformé, durant quelques minutes, en un lieu d'empoignades et d'insultes entre les partisans des deux ailes. Scènes désolantes pour une organisation qui se targuait naguère de son combat pour l'intérêt des commerçants. M.Benbrih n'en a cure et ne donne pas l'air de quelqu'un qui a l'intention de baisser les bras aussi facilement. Son but : aller vers un «vrai» congrès dans lequel, dit-il, sera respectée la voix de la base et appliquées à la lettre les procédures légales. Actuellement, l'aile dissidente a déposé plainte contre le SG de l'Ugcaa pour usurpation de poste «puisqu'il n'a pas rempli les conditions nécessaires pour postuler à la tête de l'union», a-t-il soutenu. Les partisans de M.Souilah, eux, n'entendent pas les choses de la même oreille. «Relaxés», ces derniers récusent les griefs des «redresseurs». Selon M.Hentour, membre du conseil national, les raisons qui ont poussé les chefs de la protesta à agir ainsi ont trait à leur «exclusion» du bureau exécutif et non à cause d'un quelconque dépassement, encore moins pour l'intérêt général des commerçants dont l'actuelle direction ne semble pas, elle non plus, emballée par ce souci qui devrait être pourtant l'essence même de cette organisation.