Réflexion n Un colloque programmé en marge de la 3e édition du festival national du théâtre professionnel s'est ouvert, mardi, à l'auditorium du complexe culturel Laâdi-Flici (théâtre de verdure). Ce colloque de trois jours, qui a pour thème «Le théâtre et l'environnement social», a réuni chercheurs et universitaires du théâtre algérien et arabe, en vue de débattre les problématiques telles que le théâtre et l'université, le théâtre et le système éducatif, le théâtre de proximité. Ahmed Hamoumi, chercheur algérien, a souligné le rapport existant entre le théâtre et la société. S'exprimant sur cette relation, il a affirmé notamment : «Le théâtre est un porte-parole de la société», ajoutant : «Il donne à la société une image d'elle-même.» Ainsi, «la société a besoin de se voir à travers le théâtre», a-t-il relevé. «Mais il ne suffit pas d'aborder quelques problèmes sociaux et de les présenter sur scène pour croire qu'on fait un théâtre proche de la société.» Interrogé ensuite sur la mesure à prendre pour faire réinscrire le théâtre au cœur de la cité et en conséquence réhabituer le public à celui-ci, Ahmed Hamoumi a déclaré : «La solution n'émane pas du théâtre lui-même, mais la société doit faire en sorte que le théâtre devienne une demande sociale, lorsque les conditions de vie s'améliorent.» Interrogé enfin sur le rôle du théâtre dans l'acquisition de la citoyenneté, Ahmed Hamoumi, pour qui «le théâtre agit sur l'individu de la même manière que l'eau distillée», a estimé que «le théâtre ne peut pas fomenter une révolution. Il peut fabriquer certes une citoyenneté, mais cela sera à long terme». Pour sa part, Issam El-Youssoufi, chercheur et universitaire marocain, a mis l'accent sur la nécessité de faire sortir le théâtre des lieux de représentations classiques. «Le théâtre, qui se pratique dans des espaces clos, doit sortir des murs qui le conditionnent et conditionnent en conséquence le public.» Il préconise à cet effet un théâtre de proximité et surtout de rue. Abondant dans la même réflexion, Idris Guergoura, chercheur algérien, a indiqué l'apport des espaces publics dans l'inscription de l'acte théâtral dans la conscience de l'individu, dans le rapprochement du public avec le théâtre. Il permet le renforcement de la relation entre l'un et l'autre. «Il faut occuper les espaces publics, les exploiter d'une façon optimale», a-t-il dit. Idris Guergoura, pour qui le théâtre est un acte de civilisation, a ensuite indiqué que le théâtre dans les établissements scolaires est quasi absent. «La pratique théâtrale dans les écoles est quasi inexistante. Souvent le théâtre scolaire se résume à la clownerie ; celle-ci est certes un art et est un aspect du théâtre, mais elle ne suffit pas à elle seule à initier l'enfant au théâtre, donc à former le futur public.» Idris Guergoura, pour qui le théâtre est un projet en mesure de se concrétiser s'il y a une volonté et si les moyens sont disponibles, a en outre déploré l'indisponibilité d'espaces de représentation dans les écoles, et en l'absence de tels lieux la pratique théâtrale, pour lui, ne peut s'y pratiquer.