Mal vie, chômage, crise du logement, sentiment de hogra et surtout absence d'horizons pour les jeunes. Autant de raisons qui font que le pays donne l'impression d'être sur une poudrière et qu'il suffit d'une étincelle pour qu'il y ait embrasement. Dernière minute Les affrontements reprennent à Oran l Les émeutes qui ont éclaté avant-hier suite à la rétrogradation du Mouloudia d'Oran ont repris ce matin, vers 10h 30, dans certains quartiers de la ville. Selon des échos parvenus de la capitale de l'Ouest, des jeunes en colère s'en sont pris aux devantures de magasins et d'édifices publics du centre-ville et des quartiers d'El-Hamri et de M'dina Djedida. Oran donnait l'image d'une ville morte. Tous les magasins, cafés et services publics étaient fermés. La circulation automobile était quasi nulle et très peu de bus et de taxi ont tenu à assurer le service. Au moment où nous mettions sous presse, de nombreux endroits de la ville étaient le théâtre de violents affrontements entre des jeunes en colère et les forces de l'ordre dépêchées en grand nombre. Les émeutes qui embrasent Oran depuis deux jours viennent s'ajouter à une longue série de mouvements de protestation qui se déclenchent dans le pays épisodiquement. L'année 2008 a été durement marquée par ce genre d'événements contestataires. De Ksar El-Boukhari (Médéa), à Chlef en passant par Gdyel (Oran), Berriane (Ghardaïa) et Tiaret jusqu'à la paisible oasis de Timimoun, les jeunes sont sortis dans la rue pour crier leur colère contre la gestion locale. Tout ce qui symbolise ou représente localement l'Etat passe sous la furia juvénile. Si ces troubles sporadiques ont des origines diverses spécifiques à chaque région du pays, elles ont cependant un dénominateur commun, à savoir la misère, le chômage et l'absence de perspectives d'épanouissement. Hormis Chlef et Ghardaïa, pour toutes les régions, les troubles enregistrés avaient pour origine l'impopularité des décisions prises par les responsables locaux notamment la distribution des locaux commerciaux et le non-recrutement des jeunes des régions sus-citées dans le cadre des dispositifs d'emploi de jeunes, comme prévu par les pouvoirs publics. En revanche, dans la région d'El-Asnam, la colère avait pour nom l'annulation de l'aide décidée en vertu de la loi de finances 2007 votée par l'APN au cours de la même année. Cette annulation a été violemment contestée le jour où le président de l'association des comités de quartiers en préfabriqué (sinistrés du séisme de 1980) a été présenté devant le tribunal lors d'un procès pour diffamation intenté par l'ancien wali de Chlef. A Ghardaïa, la mèche a été allumée par un incident fâcheux — jet de pétard par des adolescents sur une famille — qui n'a pas manqué de réveiller de vieux démons : un conflit ethnique en veilleuse entre les communautés arabe et mozabite, «séparées» dans la ville de Berriane uniquement par la route nationale n°11. A Tiaret, c'est la mort de dix harragas – originaires de la ville – au large d'Arzew, au moment où cinq autres étaient portés disparus, qui a mis le feu aux poudres le jour même de leur enterrement. Malgré la présence du ministre de la Solidarité nationale, Djamel Ould Abbès, la colère des jeunes Tiarétis n'a pas baissé d'un iota. Pis encore, elle est allée crescendo pour déboucher sur des dégâts considérables, puisque de nombreux édifices publics ont été saccagés. Plusieurs jeunes ont été arrêtés, à tort ou à raison, suite à ces échauffourées. Alliant promesses et répression, les pouvoirs publics se trouvent souvent acculés par la montée de ce phénomène. Il va sans dire que ces exemples montrent, à eux seuls, que la majeure partie du pays est sur une poudrière prête à exploser à la moindre étincelle.