Constat n Un débat ouvert et animé a eu lieu, hier, mardi, au Théâtre national (la salle El-Hadj-Omar) autour du théâtre algérien. Aouataif Naîme, une dramaturge irakienne, pour qui le théâtre est «une appartenance culturelle et civilisationnelle», a estimé que «dans le théâtre algérien, il y a assiduité et diversité, couleurs et genres». Et d'ajouter : «C'est un théâtre qui s'appuie sur une pratique populaire, comme il s'inspire du répertoire universel et adapte des textes classiques, comme aussi il expérimente de nouvelles formes scéniques comme l'expression corporelle – la chorégraphie.» Aouataif Naîme, pour qui «le théâtre est amour, entraide et partage», a, en outre, soutenu : « Je suis optimiste quant à l'avenir du théâtre algérien.» Chawki Bouzide, metteur en scène algérien, a, toutefois, estimé que le théâtre algérien se cherche. «Le théâtre algérien n'a pas encore trouvé ses repères», a-t-il fait constater. Et de poursuivre : «Il se cherche encore. Cela fait qu'on est encore dans l'incertitude et le questionnement.» Chawki Bouzide a, par ailleurs, estimé : «Il faut s'interroger vraiment sur le théâtre algérien, sur quel type de théâtre doit-on élaborer. Il faut s'inscrire dans la continuité, poursuivre ce qui a été fait par nos prédécesseurs, à l'instar de Abdelkader Alloula.» Ainsi, Chawki Bouzide a soutenu qu'il faut approfondir la recherche et multiplier les pratiques expérimentales. Pour sa part, Sofiane Atiya, auteur et metteur en scène algérien, a estimé : «Il ne suffit pas de dire que le théâtre est malade, mais il faut aller au cœur du problème.» De son côté, Shada Essalem, une dramaturge irakienne, pour qui le théâtre arabe stagne, a, expliqué : «Il faut parler plutôt du théâtre arabe, car la crise ne se résume pas uniquement au théâtre algérien. La crise est générale. Même le théâtre arabe connaît une léthargie et un marasme.» Et de préciser : «Jusqu'à aujourd'hui, le théâtre arabe n'a pas encore retrouvé ce qui peut le caractériser. On n'a pas encore apporté de nouveau.» Amine Missoum, comédien et metteur en scène de l'association culturelle Ibdaâ d'Oran, a estimé que «le renouveau ne peut survenir que grâce à l'apport des jeunes amateurs». «Il est important de considérer les jeunes et de leur consacrer les moyens et les opportunités pour s'épanouir et évoluer.» Enfin, Nacer Khellaf, chercheur, a, pour sa part, indiqué «la nécessité de multiplier les espaces, d'ouvrir à travers le territoire national des annexes de l'Institut d'art dramatique et, en outre, d'équiper les salles de manière à assurer de meilleures représentations théâtrales.» Los de ce débat qui était très animé, on s'aperçoit d'emblée, et avec regret, que la crise ne vient pas du théâtre lui-même, mais de ceux qui le pratiquent. «Ce sont les gens du théâtre qui torpillent le théâtre algérien», ont fait remarquer certains observateurs, dont Sid Ahmed Hassan Kara, dramaturge algérien. Et de s'interroger : «Est-ce que nous aimons réellement le théâtre ?» En fait, ce qui pose vraiment problème, c'est bien l'absence de dialogue. Les faiseurs du 4e art ne s'entendent pas entre eux. Ils ne s'écoutent pas, et chacun, en se rejetant la faute, prétend avoir raison. Ainsi, la crise que connaît le théâtre algérien est interne. C'est un théâtre malade de ceux qui le pratiquent.