Sujet n Les yeux de l'opinion footballistique nationale seront braqués sur le siège de la FAF où une réunion se tiendra, aujourd'hui, au bureau fédéral. Une réunion explosive du bureau fédéral déterminera l'avenir du football national avec un point à l'ordre du jour : le système de compétition. Les membres de l'instance fédérale auront à examiner et à débattre le projet de changement du système de compétition qu'aura à soumettre le président de la FAF, Hamid Haddadj. Le projet était dans l'air depuis quelques jours, depuis que le mercure a grimpé de façon vertigineuse dans le pays suite aux émeutes qui ont suivi la rétrogradation du MC Oran en Super DII et à l'affaire du match de Super DII, RC Kouba - USM El-Harrach, qui a pris un toute autre dimension. Certaines sources évoquent des injonctions venues «d'en haut», invitant la FAF, via le ministère de tutelle, à faire baisser la pression de la rue (et, de ce fait, la pression sociale), à quelques mois de l'élection présidentielle de 2009, quitte à piétiner la réglementation et les lois qui régissent le football. Pas plus tard qu'hier, sur les ondes de la radio nationale, le président de la JS Kabylie, championne en titre 2007-2008, le déclarait ouvertement : s'il faut apaiser la situation explosive de cette fin de saison, pourquoi pas un championnat à deux groupes de douze chacun, soit 24 équipes en Nationale Une pour la saison 2008-2009 ? Peu importe si la réglementation exige à ce qu'un changement de système de compétition soit annoncé une année à l'avance, une assemblée générale «souveraine» de la FAF ferait passer cette formule comme une lettre à la poste, comme elle l'a fait pour le bilan moral de cette instance qui gère le football. L'idée d'un championnat à 20 clubs, comme cela a été suggéré au départ, ne fait pas l'unanimité pour au moins deux raisons : d'abord sur le plan de la cohérence avec les exigences actuelles de la FIFA qui impose de plus en plus à ses associations des compétitions domestiques à 16 clubs de préférence, en raison de l'harmonisation d'un calendrier international plus serré et plus chargé que jamais ; ensuite la spécificité de l'Algérie qui se trouve dans un continent qui rend très difficile la gestion d'un championnat à 20 clubs, avec les différentes participations de nos représentants aux joutes africaines de clubs, sans oublier la Ligue des champions arabe qui fait désormais partie du décor. Ce qui fait qu'un championnat à 24, avec des groupes Centre-Ouest et Centre-Est, est le plus plausible dans l'état actuel des choses. Mais la question qui reste posée est : quel développement apportera ce changement du système de compétition, ainsi conçu et balancé par les instances du football ? Cela n'a rien donné par le passé et ne donnera rien pour l'avenir d'une discipline sinistrée, sauf peut-être quelques dividendes électoralistes pour ceux qui voudront briguer un nouveau mandat à la tête de la FAF, en contentant quelques clubs en colère, sans prendre conscience des conséquences et des retombées de ce genre de décision. Du côté de Constantine, la rue, dit-on, est prête à s'enflammer, puisque les deux clubs phares, le MOC et le CSC, ont raté la «nouvelle accession» d'un cheveu (si changement il y a), eux qui ont accepté le verdict sportif lorsqu'il s'agissait d'eux. Que ces messieurs de la FAF et du MJS sachent que le changement du système de compétition n'arrêtera pas la combine, devenue une pratique à grande échelle dans notre sport-roi, ni la violence, ne relèvera pas le niveau de la discipline et ne la mettra pas sur de bonnes perspectives. Pis encore, l'Algérie ne descendra pas de sitôt de sa peu glorieuse 100e place ou au-delà du classement FIFA. Changer le système de compétition, c'est choisir la solution de facilité, alors que l'essentiel est ailleurs. L'essentiel devrait tourner autour des moyens humains et matériels à mettre pour relancer la formation dans notre football, de rendre plus forte et plus crédible la FAF et ses démembrements que sont les ligues, notamment la LNF, pour moraliser le football et sanctionner de façon exemplaire les contrevenants de tout bord qui infestent depuis des années la discipline, d'aller vers le véritable professionnalisme, de construire de nouveaux stades là où il faut et doter tous les clubs de leurs centres de formation et de regroupement. Il y a tant de chantiers à prendre en charge et d'enjeux à défier que de s'agiter pour un système de compétition qui ne fait l'affaire que des intérêts clubards et de colmater une brèche dans un édifice qui tend à s'écrouler.