Débat n Les conduites de déviance sociale chez l'adolescent, tout le monde en est responsable. 10% à 15% des adolescents deviennent des délinquants authentiques une fois arrivés à l'âge adulte, a prévenu le vice-président de la société médico-psychologique algérienne, le professeur de psychiatrie et de psychologie médicale, jeudi dernier, en marge du 2e colloque national de psychiatrie sociale. Lors de ce colloque qui avait pour thème les conduites de déviance sociale chez l'adolescent, le professeur Tedjiza a souligné que les causes de déviance sont liées non seulement aux «facteurs individuels de vulnérabilité psychologique ou psychopathologique, aux troubles du caractère du fait de l'immaturité affective et de l'égocentrisme», mais aussi aux «facteurs familial, socioculturel, économique, institutionnel et idéologique». Plus loin, le conférencier expliquera que «l'intolérance de la société envers l'adolescent et la répression à l'égard du mineur contribuent, entre autres, à la déviance des adolescents». Pour sa part, le professeur Abdellah Benali, du centre hospitalo-universitaire de Bab El-Oued, a signalé que la jeunesse algérienne souffre «parce qu'elle n'est pas prise en charge par notre gouvernement». «Si l'Etat ne prend pas en charge sa progéniture, il y a risque d'une implosion sociale dans les années à venir», a-t-il mis en garde. «Le toxicomane est-il victime ou agresseur ?», telle a été la question posée par le professeur Boudriès, qui est longuement revenu sur les différents types de violence liés respectivement à l'agression contre les enseignants, l'inceste, le viol sur mineur ou autres actes suicidaires et criminels. L'intervenante a parlé des cas concrets vécus en Algérie. Le docteur Lakaf s'est étalé, de son côté, sur la problématique de la déviance et la délinquance sexuelle chez les adolescents. Selon lui, il s'agit d'un phénomène très complexe où l'agression sexuelle chez les adolescents est beaucoup moins étudiée que chez les adultes. Le docteur Lakaf a décortiqué deux études. En effet, selon l'étude Davis et Leitenberg (1987), les adolescents seraient mis en cause dans au moins 20% des viols et dans 30% à 50% dans toutes les agressions sexuelles sur des enfants. Selon l'autre étude Groth, Longo et McFaddin (1982), 50% des agresseurs sexuels débutent leur carrière au cours de l'adolescence. «Pourrais-je devenir fou ? La question de l'adolescent à l'adresse du psy, supposé savoir», a été la thématique traitée par le psychologue M. Laoudj. Ce dernier a indiqué que la plupart des cliniciens s'accordent à considérer que la période adolescente est propice à l'éclosion des psychoses, parce qu'elle coïncide avec ce que les scientifiques appellent «la Déclaration de sexe» qui perturbe les repères imaginaires chez l'adolescent. Dans son intervention, le psychiatre Rahmoun a présenté des situations cliniques pour illustrer l'incidence de la violence en milieu carcéral. «L'adolescent tire la sonnette d'alarme pour ne pas devenir adulte dans une société où il n'a pas de repères clairs et fiables.»