?tude n Pour définir une stratégie de lutte efficace contre la délinquance juvénile, une meilleure compréhension des raisons qui poussent les jeunes vers le délit et leur énumération est indispensable. Les conditions socio-économiques difficiles impliquant la promiscuité et l'exiguïté du foyer forcent l'adolescent à se réfugier dans la rue qui est source de tentations et de frustrations. Si on ajoute à cela la démission parentale, l'éclatement ou la dislocation familiale et la déperdition scolaire, on obtient les principaux ingrédients pour faire d'un gamin un délinquant potentiel. Selon le commandant Debbih, deux théories majeures et complémentaires expliqueraient le passage de l'adolescent au côté obscur : la première stipule que le comportement à risques est dû à une interprétation négative des dispositions légales se manifestant par une haine viscérale de tout ce qui est étatique ou qui représente l'autorité, ceci conduit le jeune à aller vers l'apprentissage des techniques criminelles et aboutit inéluctablement au crime. Selon la seconde théorie, c'est la frustration qui provoque l'acte de non-respect de la loi et l'agression contre sa dignité. Voir et ne pas pouvoir posséder, pour le jeune reste insupportable. Dans son passage vers l'âge adulte l'enfant n'accepte pas les différences sociales et refuse de s'y accommoder. Dans ce cas, l'adolescent développe ses propres codes sociaux. Pour Mlle Boukaoula, psychologue à la cellule de la PJ d'Alger, l'absence de communication au sein de la famille et de l'entourage de l'enfant et les échecs mal assimilés sont les facteurs les plus importants dans le processus de déviation de l'adolescent impliquant crises d'angoisse, dépressions et troubles du comportement qui se manifestent généralement par des fugues, fuites ou des actes de violence. Dans le cas où le milieu familial ne serait pas à l'écoute, l'adolescent se réfugie généralement dans la toxicomanie, l'alcoolisme ou carrément le suicide. Et il reste marqué par la haine et le rejet de soi-même et des autres. Abondant dans le même sens, le professeur Laidli chef de service de médecine légale au Chu de Bab El-Oued insiste sur l'importance de la communication et considère que la première menace pour l'adolescent est quand il se retrouve seul face à lui-même. Par ailleurs, la multiplicité des modèles contradictoires ont joué un rôle dans l'acculturation de la société donc perte de repères (étude du pr. Bensmail psy. Au CHU de Constantine) La dislocation familiale, la démystification de la famille scolaire, la recherche d'une occupation, la perception abstraite de la loi, sont autant de raisons qui conduisent l'adolescent à commettre l'irréparable selon le professeur. Se basant sur les cas enregistrés au niveau de son établissement, le Pr Laidli a noté trois profils psychologiques de délinquants juvéniles : les premiers présentent des troubles mentaux pour des raisons aussi diverses que l'hérédité, des parents alcooliques, des débiles mentaux pour 20-30% des cas, présentant des épilepsies temporales (une forme criminelle), ou présentant des psychoses. La seconde catégorie concerne les sociopathes : ceux-ci sont caractérisés par un niveau mental normal ou supérieur avec des troubles du comportement (on les qualifie souvent de caractériels). Les derniers, et ils sont les plus nombreux, sont les enfants souffrant de troubles affectifs : en déficit d'amour, ces adolescents sont prêts à toutes les extravagances et relèvent toutes sortes de défis pour combler ce manque.