Evocation n Un hommage à l'un des maîtres de la peinture algérienne, M'hamed Issiakhem, aura lieu dès demain, jeudi 19 juin, en Kabylie, à Taboudoucht, son village natal. Cet hommage s'étalera sur trois jours. Organisée par l'association culturelle M'hamed-Issiakhem, cette manifestation aura pour objectif d'évoquer le peintre à travers diverses activités : conférences et débats animés par des critiques d'art, récitals poétiques, projection d'un film réalisé sur l'artiste par Fawzi Sahraoui en 1985, l'année de sa disparition, ainsi que des ateliers de création – ils se dérouleront en plein air – en faveur des jeunes amateurs de peinture. A l'issue de ces ateliers, une exposition sera montée, où seront présentées les œuvres réalisées. Cette exposition sera mise en ligne, à l'adresse suivante : isiakhem.artiste-algerie.com. Outre ces rendez-vous, il est également prévu une exposition à laquelle prendra part une quarantaine d'artistes algériens, vivant en Algérie comme à l'étranger (France), diplômés ou autodidactes. «Chaque artiste – on peut citer Ammar Bouras, Kmale Yahyaoui, Bourdine, Meriem Aït El-Hara et bien d'autres – présentera une peinture», a déclaré Noureddine Feroukhi, plasticien et participant à cette exposition, ajoutant : «L'objectif de cet hommage consiste à faire découvrir l'œuvre et le travail artistique de M'hamed Issiakhem, notamment par le biais de la fondation – elle portera le nom de l'artiste – qui, à cette occasion, sera créée.»Les héritiers d'Issiakhem, associés à cet hommage, présenteront des projections de diapositives qui dévoileront une partie de l'œuvre de l'artiste. Ils présenteront également des photos de famille inédites. Parallèlement sont programmées des manifestations de différentes associations culturelles qui ont tenu à prendre part de manière active à cet hommage. La peinture de M'hamed Issiakhem se présente comme une émotion – ce qui frappe d'ailleurs le regard. Elle est l'expression directe d'une mélancolie profonde, d'une tristesse émanant d'une âme, semble-t-il, tourmentée, excessivement éprouvée par les vicissitudes de la vie. L'univers pictural que l'artiste matérialise notamment en couleurs est lugubre. Ce qui attire encore l'attention du regard, c'est bien le personnage de la femme qu'il représente dans chacune de ses peintures. Il y revient en redondance. Cela suppose d'emblée que l'artiste est un homme sensible à la condition de la femme. Celle-ci y apparaît avec un air détaché, abattu, avec un visage pâle et aux yeux vides et épuisés, qui regardent et s'estompent peu à peu. M'hamed Issiakhem présente les femmes le plus souvent comme mendiantes, en haillons, le sourire effacé, tatouées par le poids de la solitude, par les affres de la misère ; des femmes rejetées, exclues par la société ; des femmes seules, livrées à elles-mêmes, avec leur lot quotidien de souffrances, une misère qu'elles endurent longtemps, à jamais, et en silence. Ainsi, M'hamed Issiakhem peignait la femme différemment de ses contemporains. Mais de quelle femme s'agissait-il ? Ni d'une amie ni d'une amante, mais d'une mère dépourvue de soutien social ou familial ; d'ailleurs, dans quelques tableaux, comme La Mendiante, Maternité, Femme à l'enfant, Femme sur poème, La Femme et l'enfant…, ce personnage apparaît en haillons, en présence d'un enfant. Il illustre, en outre, ce lien existant entre la mère et l'enfant, lien maternel. Ces femmes, qui nous fixent de leur regard égaré, hagard, évasif, sont d'une grande générosité. Elles se montrent attachées, affectueuses envers leur progéniture. Elles sont maternelles. Des femmes tragiques, mais pleines de dignité et de noblesse.